Question d’une jeune lectrice : De combien de versions différentes a-t-on besoin pour écrire un livre ?
Cette publication s’inscrit dans une suite de textes qui me permet de discuter de diverses questions qui me sont posées régulièrement lors de rencontre avec les lecteurs. Pour plus d’information sur cette série, vous pouvez consulter mon billet « mes aventures dans le monde littéraire » sur mon blogue.
Je suis toujours surprise de recevoir des interrogations aussi pointues. Dans ces cas-là, ma réponse ressemble souvent à ceci : « Ça dépend... » Dans les faits, je fais autant d’itérations que j’ai besoin pour être satisfaite de l’œuvre. Dans le cadre de mes premiers romans « Le Pays de la Terre perdue », j’ai d’abord retravaillé le récit à huit reprises, laissant l’histoire dormir quelques mois entre chaque revue. À titre d’exemple, la version sept m’a fait concevoir des « bulles » représentant la vie de Nadine avant son arrivée au Pays de la Terre perdue. C’était pour mieux donner de la profondeur au personnage central. Puis il y a eu le coaching en écriture pour apprendre les techniques dont j’avais besoin pour amener la création littéraire là où je l’avais imaginée. Ainsi, avec l’expérience, la neuvième itération des tomes est apparue et la saveur du texte s’est améliorée.
Ce n’est pourtant pas si simple... Chacune des versions est produite en trois phases. Pour la phase 1, je fais d’abord une révision en règle qui me permet de faire les ajouts pour améliorer l'histoire; la phase 2 comprend une revue de « correction » en utilisant Antidote; la phase 3 est, en fait, une dernière relecture. Tout ceci peut paraître très long. Je me demande d’ailleurs si cette méthode demeurera la mienne pour le reste de mes romans... Prendrai-je de la rapidité avec l’expérience ? Une plus grande maturité, en tant qu’auteure, m’aidera-t-elle à diminuer le nombre de versions ? Je n’en suis pas certaine. J’ai besoin de ce processus créatif pour atteindre le niveau d’écriture que je veux obtenir, pour rendre le récit vraisemblable, vivant et enlevant. Étant ce que je suis, je cherche seulement à pousser mon art plus loin, pour mieux rédiger et inventer, plutôt que de tenter de créer plus vite en réduisant la quantité d’itérations.
Certains voient dans ces nombreuses revues un retour continuel sur le travail inachevé. Pour moi, le passage d’une version à l’autre se développe dans mon monde imaginaire. Je me sens comme un peintre qui commence un tableau presque monochrome puis ajoute des détails et des couleurs pour obtenir la beauté et l’excellence qui flottait dans sa tête, avant même de diriger le premier coup de pinceau... Ça prend du temps, de la patience, de la minutie. Mais ça vaut tellement la peine qu’on se donne.
Au fil de tous ces mois, quand je suis prisonnière de mon cerveau en ébullition, je me laisse surprendre parfois; comme l’effet de lumière qui influence le travail du dessinateur, la narration apporte une tournure inattendue. Un jour que je voulais écrire une publication sur mon blogue, j’ai été captivée par le jeu de l’intrigue et du personnage; l’opinion est devenue une histoire, puis une nouvelle, un roman par la suite... puis une série en six tomes ! Je l’ai appelé le Pays de la Terre perdue.
Recommencer, réécrire, fignoler le texte, ajouter une odeur, décrire un environnement, renforcer un bout de l’aventure, embellir une scène... tout ça fait partie du processus de création, jusqu’à ce qu’on soit satisfait du résultat.
La meilleure méthode pour écrire est de laisser notre imagination nous emporter... juste pour voir ce que ça va donner...
Plume/Suzie Pelletier
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