samedi 7 avril 2012

Ecuador 2012 - Le Cotopaxi

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25 février 2012 (dimanche)

Quand je me suis réveillée ce matin-là, il était 05 h 00. Juchée si haut dans la montagne, l'air était froid et j'hésitais à sortir de mon lit douillet sous d'épaisses couvertures équatoriennes. Parce qu'en Équateur, il n'y a pas de système de chauffage dans les maisons.

La maison était calme; les autres visiteurs dormaient encore; je n'entendais que le personnel de l'hôtel qui préparait le déjeuner. Ça sentait déjà bon.

J'abordais cette journée avec toute l'excitation de vivre toute la journée en montagne. Aussi, je ressentais de l'appréhension. Est-ce que mon corps réagira aussi bien dans la montagne à 4,600 mètres et plus? Est-ce que j'arriverais à gravir cette côte de 300 mètres de dénivellation et de 450 mètres de long, en haut du Cotopaxi, entre le stationnement et le refuge?

Conscients de ce que la journée nous demanderait d'efforts, nous avons pris notre déjeuner presque silencieusement.  Puis, habillés chaudement, nos bottes de marches et la crème solaire dans nos bagages, nous avons pris place dans l'autobus de Carlos avec toute l'eau que nous pouvions apporter et nos caméras.

Puis Carlos nous a amené au Parc du Cotopaxi.

Puis, le bus a roulé dans un vallée profonde ou paissaient des chevaux et un troupeau de vaches.  Cette vallée aux herbes basses est très particulière.

J'avais l'impression que je verrai la mer au prochain tournant. Mais je savais que cela n'arriverait pas; cette vallée est accrochée à plus de 4,000 mètres au-dessus de cette mer.

Nous voyions le sommet de la montagne caché partiellement par les nuages.


Nous avons mis une heure pour nous rendre de l'entrée du parc jusqu'au stationnement. L'autobus roulait lentement sur une route de terre qui sillonnait dans la montagne.

Au fur et à mesure que nous montions dans la montagne, une route qui nous fait gravir de 1000 mètres en une heure, je sentais ma tête devenir légère. Je respirais lentement tant pour permettre à mes poumons d'absorber le plus d'oxygène possible, que pour calmer mon coeur qui battait la chamade face à cette aventure.

J'étais contente d'être là. J'étais contente que mon corps réagissait bien à l'altitude. Mon corps n'absorbait maintenant que 55 % de l'oxygène auquel il était habitué et la réaction était bonne. Alors la décision de monter au refuge, que je retenais en raison d'un handicap à une jambe, est devenue facile à prendre. Je vais faire l'ascension, à mon rythme.

Puis, quand Carlos a arrêté son autobus dans le stationnement, j'ai mis mes protecteurs de genoux, j'ai sorti ma canne qui ne me quitte jamais, j'ai mis mes vêtements chauds. C'est ainsi que j'ai fait mes premiers pas sur ce terrain d'apparence lunaire où s'entend cette terre de cendres volcaniques de différentes couleurs. J'ai laissé partir le groupe en avant. J'ai fait d'autres pas. J'ai compris que mon corps, habitué à la montagne, était capable de prendre son rythme de croisière.

C'est ainsi que je me suis rendu jusqu'au refuge. Je faisais une dizaine de petits pas; j'arrêtais pour prendre une grande respiration et pour regarder autour de moi. Puis je recommençais les dix pas avant d'arrêter à nouveau.  C'est avec toute la ténacité dont je suis capable que je l'ai fait. Cala m'auras pris une heure 15 minutes, largement en dessus des deux heures prévues normalement.

C'est dans les bras d'Alexandra que j'ai épanché des larmes de fierté et de soulagement.Je l'avais fait. Merci Alexandra.

C'est là, sur cette montagne, que j'ai compris que je reviendrais encore dans ce pays, pour revenir sur cette montagne. J'accompagnerai Denis qui veut monter jusqu'au sommet du Cotopaxi et grimper d'autres montagnes. Dans deux ans peut-être...

Quand les autres ont décidé de poursuivre jusqu'aux neiges éternelles,  400 mètres plus loin, j'ai décidé d'attendre au refuge. J'étais satisfaite de ma journée.

Voici cette magnifique photo de la grimpée de Plume (rouge) et Denis, bien emmitouflés pour résister au froid:

Source: Miguel
 Puis je suis redescendue, lentement pour éviter des blessures, en marchant dans ce sable granuleux qui est en fait de la cendre volcanique. Alors nos pieds glissent constamment et la gravité nous tire vers le bas. Il faut descendre avec les talons bien rentrés dans ce sable.  La piste n'est pas très large et, en ce dimanche après-midi, elle est encombrée de gens aux accents andins, espagnols, français, anglais, américains et allemand.

D'ailleurs, même si la coutume en montagne est de laisser passer ceux qui montent, plusieurs des grimpeurs se sont arrêtés pour me parler. Ils avaient tous les mêmes questions : "Est-ce que ça va? Avez-vous besoin d'aide? " Quand je leur répondais, avec un sourire qui disais mon contentement, que j'allais très bien et que je descendais lentement mais confortablement, ils me souriaient et poursuivaient leur route. C'est ainsi que des gens de tout âge et de toute langue m'ont parlé cet après-midi là.

Puis, c'est un commentaire de Denis qui m'a fait réaliser que ces gens ont réagi à ma canne. C'est certain que cela devait leur faire drôle de voir quelqu'un, une tête garnie de cheveux blancs,  monter cette côte en marchant avec une canne. Mais je l'ai fait cette montée; parce que j'ai eu la sagesse de respecter ma condition et utiliser cette canne ...  

Arrivée à l'autobus, j'ai fort apprécié les hourras et les applaudissements des jeunes qui avaient compris l'exploit que je venais de réaliser. Ils étaient fiers de moi et je l'appréciais.

Voici d'autres photos qui montre ce coin de la Terre qui a l'aspect lunaire et féérique.





Maintenant je sais que je peux monter au-delà de 4,800 mètres et dans des conditions particulièrement difficile ...

Plume

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