Si, en cherchant une nouvelle voiture, un vendeur vous disait : « J’ai deux choix pour vous; ici, j’ai les véhicules automatiques et là-bas, il y a les autos manuelles... » S’imprimerait alors sur votre visage un air étonné. Vous resteriez sans voix. Bien sûr. Parce que, pour les autos, tout le monde sait que l’achat dépend d’un millier de critères différents parmi lesquels ont choisi quelques-uns. Automatique ou manuelle ? Mais qui définit une bonne voiture de ce critère ?
Puis, que faites-vous de l’hybride ? Des modèles électriques ? Pouvez-vous vraiment les classer d’automatique ou de manuelle ? La distinction est donc archaïque et ne tient pas compte du monde moderne.
Quand j’explique que ma maison d’édition me fait participer aux coûts, on me regarder, généralement avec un air hautain, en disant : « Ha ! Vous êtes à compte d’auteur ! » Comme si le monde d’édition se divisait en deux camps, le compte d’édition et le compte d’auteur; bien sûr, vous entendrez que les bons sont dans le premier et les mauvais dans le deuxième. Archaïque aussi !
Une maison d’édition subventionnée reçoit, par définition, des montants d’argent pour publier des textes. (On aurait donc dû parler de « compte de subvention » plutôt que « compte d’édition ») Ces subventions proviennent généralement du Conseil des arts (Canada) et/ou de la Société du développement des entreprises des arts (SODEC — Québec). Même s’il le voulait, ils n’ont pas le droit de demander une participation financière de leurs auteurs. Ces maisons se distinguent par leurs collections ou spécialités (Bandes dessinées, romans jeunesse, policiers, fantastiques, essais, etc.) Le recueil Un bouquet de roses, dont je suis l’un des auteurs lauréats, a ainsi été publié par la maison d’édition Messagers des étoiles.
L’humain étant généralement imparfait, cette catégorie d’édition comprend son lot d’excellents éditeurs et, bien sûr, d’arnaqueurs.
De l’autre côté de l’équation, l’édition indépendante (définition qui, à mon point de vue, est plus juste que l’ancien terme de « compte d’auteur »), il y a une panoplie de choix qui constitue une sorte de continuum.
Il y a bien sûr le modèle de l’auto-édition qui comprend deux particularités : 1) il n’y a pas d’édition et rarement de correction externe. 2) En plus de la création, l’auteur est responsable de la commercialisation de son œuvre et il assume tous les coûts de l’impression s’il y a lieu. À titre d’exemple, citons mes textes sur les voyages écrits il y a plusieurs années et que j’ai déposés sur http://www.wattpad.com/suziepelletier. Au bénéfice de quelques adeptes. Bien que corrigés, ces récits n’ont pas profité d’un processus d’édition complète. Les blogues sont généralement dans cette catégorie. Il y a aussi des maisons d’édition qui se spécialisent dans ce genre de marché.
Une autre forme d’édition indépendante que l’on retrouve de plus en plus est basée sur le principe du coût partagé. Un auteur présente son livre qu’on étudie puis, s’il est accepté, on lui propose un contrat ou une mise de fonds est imposée; ce type de partenariat lui donne droit à un plus grand revenu. La maison d’édition s’occupe des arrangements tant pour l’impression, l’enregistrement du livre aux instances gouvernementales, le dépôt des livres chez un distributeur, la participation dans les salons du livre et, généralement, on offre un processus de promotion du livre. C’est le choix que m’a été offert pour la saga Le Pays de la Terre perdue, édité par la Maison Véritas Québec.
Il existe également une autre possibilité intéressante. L’écrivain peut créer sa propre maison d’édition. Même si ce n’est pas le choix que j’ai fait au début, j’en parle ici pour souligner la distinction très importante entre ce modèle et celui de l’auto-édition. En effet, l’auteur éditeur utilise un processus externe de relecture et de correction pour assurer la cohérence de l’œuvre et sa qualité. Il demeure tout de même responsable de tous les autres aspects de la mise en marché. Organisation en croissance, ces maisons peuvent devenir un modèle à partenariat dès qu’elles acceptent des textes d’autres auteurs.
Depuis plusieurs années, l’édition indépendante s’organise. On peut comprendre rapidement que ce processus a le potentiel d’aller aussi loin que l’édition subventionnée. D’abord, son autonomie lui permet d’ouvrir ses choix de publication bien au-delà de l’encadrement prévu par les subventions; ainsi, ce modèle augmente d’office la diversité des livres offerts au public. Attention ! Il y a aussi d’excellentes maisons et des arnaqueurs dans l’édition indépendante…
Plusieurs de ces éditeurs et éditrices, résidant au Québec, font partie de l’Alliance québécoise des éditeurs indépendants dont la mission est :
La mission de l’AQÉI est de regrouper les éditeurs indépendants pour mettre à leur disposition des services visant à appuyer leurs initiatives dans un contexte de diversité culturelle afin que la créativité des auteurs demeure la matière première de cette industrie florissante.
Ceci étant dit... quand on écrit et qu’on veut publier, la question la plus importante devient plutôt : « quel modèle devrais-je privilégier ? » La seule réponse est : « ça dépend... » Voici quelques questions que vous devez vous poser avant d’accepter une formule ou l’autre :
Quel moyen financier ai-je à ma disponibilité pour vivre mon rêve ? D’abord, cela vous aidera à décider entre une édition subventionnée ou une maison indépendante. Puis, il y a tous les à-côtés dont il faut tenir compte; à titre d’exemple, à moins d’être une vedette, vous devrez assumer vos dépenses de déplacements. Certaines maisons (subventionnées ou indépendantes) vous demanderont même de payer une cote-part pour votre présence dans les salons du livre. Il est à noter que l’écrivain peut bénéficier d’une marge de manœuvre fiscale en étant un travailleur autonome.
Qu’arrivera-t-il de mes droits d’auteurs ? Entre autres, les maisons d’édition subventionnées prennent vos droits d’auteurs ou, à tout le moins, les bloquent pour quelques années; avec les maisons d’édition indépendantes, l’auteur garde généralement l’intégralité de ses droits d’auteur.
Quel processus d’édition et de correction propose la maison ? Il est fortement recommandé d’utiliser deux correcteurs.
Quel mécanisme de promotion entend-on utiliser pour votre création littéraire ? On parle généralement de séances de dédicaces dans les salons du livre. Vous aidera-t-on à ouvrir des sessions dans les librairies ? Organisera-t-on votre lancement ?
Quel revenu puis-je avoir de la publication de mon livre ? Cela dépend du nombre de livres imprimés et du pourcentage de revenu. Lorsque subventionné, l’auteur reçoit généralement 10 % du prix de vente. Dans l’univers du livre indépendant, le pourcentage dépend de la mise de fonds par l’auteur.
De quelle façon accompagne-t-on l’auteur ? Pourrez-vous profiter de coaching, d’aide à la communication, la préparation aux entrevues ? Aurez-vous accès à un réseau d’auteurs pour profiter de leur expérience ?
Quelle réputation a la maison d’édition choisie ? Il y a d’excellentes maisons et de bien mauvaises, tant du côté des éditions subventionnées que du livre indépendant. Renseignez-vous.
Si je reviens à l’achat d’une voiture... vous me voyez venir... Nous savons tous que nous devons magasiner. Qui d’entre nous ne connaît pas un garage qui offre l’une des voitures les plus fiables au monde et qu’on ne visitera jamais plus ? Il y a une marque qu’on n’achèterait plus; un modèle qu’on n’aime pas; un vendeur qui n’inspire pas confiance; un montant qu’on ne dépassera pas... Tant de choses.
C’est la même chose pour l’édition du livre. Il y a plusieurs centaines de modèles offerts. L’important est de savoir ce que l’on veut et prendre le temps de magasiner adéquatement.
Voici deux sites que vous pouvez consulter pour en savoir plus :
Union des écrivaines et des écrivains du Québec (UNEQ)
Entre autres, visitez la section « Foire aux questions »
Alliance québécoise des éditeurs indépendants (AQEI)
Pour la liste des maisons d’édition indépendantes.
Bonne chance à tous les auteurs ! Lâchez vous lousse ! Ça se fait !
Je vous souhaite de belles heures d’écriture !
Juste une précision. Les maisons d'édition subventionnées ne "prennent" pas les droits d'auteur. L'auteur accepte de leur céder les droits de publication et de mise en vente de son oeuvre, ainsi qu'une partie des droits secondaires, pour la traduction, l'adaptation en sénario, etc., et ce, pour une durée déterminée dans un contrat. C'est très différent. L'auteur reste en tout temps le propriétaire de l'oeuvre.
RépondreSupprimerMerci Geneviève pour cette précision, très valable par ailleurs. Si tout le monde était respectueux des règles, les choses se passeraient comme tu l'expliques dans la majorité des cas. Par contre, même si l'artiste demeure toujours propriétaire de ses droits d'auteur, on lui enlève de droit de les utiliser pendant plusieurs années, du moins, sans demander la permission à la maison d'édition. Puis, il y quelques maisons d'éditions moins scrupuleuses qui négligent (volontairement ou pas) de mettre une date de fin de ce blocage…. J'ai rencontré des auteurs qui ont dû racheter l'utilisation de leur droit d'auteur à fort prix d'ailleurs… De ce que j'entends sur le marcher de l'édition et des contrats-types que j'ai lus… "prendre" n'est pas trop fort. C'est comme construire un véhicule motorisé mais que le permis de conduire, l'immatriculation et l'assurance appartient à quelqu'un d'autre… tu es propriétaire mais….
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