Quand je me présente comme l’auteure de la collection du Pays de la Terre perdue, la première question qu’on me pose est généralement :
— D’où viennent toutes ces idées ? Comment les générez-vous ?
La collection complète comprendra six tomes, près de 3 000 pages et plus de 800 000 mots... D’où ça sort tout ça ? Sans hésiter, j’explique que j’ai une imagination un peu hyperactive... en fait, il m’est difficile de répondre autrement. J’écris depuis si longtemps que je me demande rarement comment j’arrive à inventer un récit. Si je devais identifier un talent, je dirais que c’est mon imagination, ma capacité d’emberlificoter une histoire aux rebondissements multiples et imprévisibles.
Bien sûr, cette réponse génère presque automatiquement une autre question :
— Oui, mais de quelle façon nourrissez-vous votre imaginaire ?
Intuitivement, j’aimerais répondre que les idées viennent de ma vie. Je n’ai pourtant aucun intérêt pour écrire ma biographie... et alors ? Si vous suivez mes publications sur mon blogue et mes récits sur wattpad.com, vous remarquerez qu’ils sont tirés tout droit de mes expériences de vie. Même s’il n’est pas question d’énumérer mes faits et gestes au fil du temps, les textes racontent ce que je suis, présentent mes réflexions et précisent ma pensée. Pour moi, tout est une raison d’apprentissage pour grandir. Cette capacité d’observer et de questionner ce que je vois est de loin la plus grande source d’inspiration.
En fait, comme beaucoup d’écrivains, mes neurones inventifs sont tout simplement stimulés par ce qui se passe autour de moi. Voici trois exemples :
Exemple 1 : Un jour que je faisais une promenade, je me suis arrêtée chez Tim Hortons pour prendre un café. Une scène un peu spéciale m’a inspirée pour le texte « Le couple et le plombier » publié sur mon blogue en avril 2013 :
D’ailleurs, la rubrique « autres » sur ce même blogue réunit toutes sortes de textes de cette nature.
Exemple 2 : Un matin, je me trouvais sur la 132 en bordure de Kahnawake et j’attendais patiemment qu’un long train poursuive sa route pour libérer mon chemin. J’ai remarqué un personnage sur le bord de la route. Il n’avait pourtant rien d’extraordinaire, sauf qu’il semblait attendre quelque chose ou quelqu’un. Ma tête s’est mise à travailler, me présentant l’individu dans une scène policière peu banale... Plusieurs semaines plus tard, alors que l’histoire était terminée, on ne pouvait plus voir le lien entre le récit et l’incident qui a enflammé mon imaginaire. D’un évènement normal de la vie qui a duré moins d’une minute, j’ai créé une intrigue policière de 4600 mots. La nouvelle « La carte professionnelle » écrite en 2012 se trouve sur mon compte wattpad.com :
Vous pouvez trouver d’autres textes sur mon compte wattpad.com
Exemple 3 : Je me souviens encore quand, étudiante au CÉGEP de Sherbrooke, j’avais pigé parmi les idées saugrenues que notre professeur un peu bizarre avait mises sur des bouts de papier dans une coupe. J’étais tombé sur l’expression « tête d’épingle ». Cool ! Les mots sont devenus une rétrospective sur mon cours de création française et un portrait des étudiants dans ma classe; cinq pages rédigées à la main en trois heures...
De façon générale, mes idées proviennent de mon vécu. Ainsi, je peux affirmer que les romans de la série Le Pays de la Terre perdue auraient été fort différents si je les avais écrits à 20 ans, plutôt qu’à 57. Si le roman provient d’une simple question que je me suis posée (que se passerait-il si on perdait la technologie, d’un coup, un bon matin ?), chaque tome est étoffé de mon expérience de vie, mes convictions personnelles, de mes réflexions sur divers sujets et même, de mes émotions.
Au cours des dernières années, alors que l’écriture a pris une place prépondérante dans mes activités quotidiennes, j’ai compris que la création elle-même stimule mon imaginaire. Combien de fois, alors que j’étais en train de travailler sur la collection du Pays de la Terre perdue, ai-je interrompu mes efforts pour écrire autre chose ?
Comme aujourd’hui, je travaillais le chapitre 16 du tome IV quand j’ai dû fermer la page pour ouvrir un autre fichier vierge afin d’écrire ceci. Parce que, si ça bouillonne dans ma tête, je dois laisser sortir la vapeur... à tout prix.
Si un nouvel auteur me demandait conseil pour stimuler son imaginaire, je dirais ceci :
- Observe autour de toi et écrit ce que tu ressens par rapport à ce qui se passe;
- Demande-toi pourquoi les choses arrivent. Pourquoi une personne agit-elle de telle ou telle façon ? Tu n’as pas besoin de la vérité, juste d’une explication aussi saugrenue qu’elle puisse te paraître; écris ce qui se présente dans ta tête.
- Écris ce que tu vois et laisse ton cerveau rayonner. Une tête d’épingle, une tasse de café refroidi, une chaise cassée et un paysage quelconque peuvent devenir le point d’ancrage d’une intrigue palpitante;
- Se laisser prendre au jeu. À priori, il n’y a pas de mauvaises idées... il suffit de laisser son imaginaire et ses émotions travailler;
Ma recette est fort simple :
J’écris tous les jours sur n’importe quoi et sur tout. Avec l’habitude, il devient plus facile de décrire mes émotions, les scènes particulières ou les personnages. La rédaction d’intrigues remplies de détails tout aussi savoureux les uns que les autres devient de plus en plus facile.
Observer et écrire !
Ressentir et écrire !
Réfléchir et écrire !
Voir et écrire !
Écouter et écrire !
Sentir et écrire !
Toucher et écrire !
Questionner et écrire !
Douter et écrire !
Écrire et écrire encore !
Bon ! Maintenant que c’est écrit, je peux retourner à ce chapitre 16 du tome IV... qu’est-ce que je peux bien inventer pour rendre la vie de Nadine un peu plus difficile ?
Merci d’encourager le livre indépendant !
Je vous souhaite de belles heures d’écriture !