jeudi 20 février 2014

Écriture - l’imaginaire et la création


Quand je me présente comme l’auteure de la collection du Pays de la Terre perdue, la première question qu’on me pose est généralement :

— D’où viennent toutes ces idées ? Comment les générez-vous ? 

La collection complète comprendra six tomes, près de 3 000 pages et plus de 800 000 mots... D’où ça sort tout ça ? Sans hésiter, j’explique que j’ai une imagination un peu hyperactive... en fait, il m’est difficile de répondre autrement. J’écris depuis si longtemps que je me demande rarement comment j’arrive à inventer un récit. Si je devais identifier un talent, je dirais que c’est mon imagination, ma capacité d’emberlificoter une histoire aux rebondissements multiples et imprévisibles.

  Bien sûr, cette réponse génère presque automatiquement une autre question : 

— Oui, mais de quelle façon nourrissez-vous votre imaginaire ? 

Intuitivement, j’aimerais répondre que les idées viennent de ma vie. Je n’ai pourtant aucun intérêt pour écrire ma biographie... et alors ? Si vous suivez mes publications sur mon blogue et mes récits sur wattpad.com, vous remarquerez qu’ils sont tirés tout droit de mes expériences de vie. Même s’il n’est pas question d’énumérer mes faits et gestes au fil du temps, les textes racontent ce que je suis, présentent mes réflexions et précisent ma pensée. Pour moi, tout est une raison d’apprentissage pour grandir. Cette capacité d’observer et de questionner ce que je vois est de loin la plus grande source d’inspiration. 

En fait, comme beaucoup d’écrivains, mes neurones inventifs sont tout simplement stimulés par ce qui se passe autour de moi. Voici trois exemples : 

Exemple 1 : Un jour que je faisais une promenade, je me suis arrêtée chez Tim Hortons pour prendre un café. Une scène un peu spéciale m’a inspirée pour le texte « Le couple et le plombier » publié sur mon blogue en avril 2013 :


D’ailleurs, la rubrique « autres » sur ce même blogue réunit toutes sortes de textes de cette nature. 


Exemple 2 : Un matin, je me trouvais sur la 132 en bordure de Kahnawake et j’attendais patiemment qu’un long train poursuive sa route pour libérer mon chemin. J’ai remarqué un personnage sur le bord de la route. Il n’avait pourtant rien d’extraordinaire, sauf qu’il semblait attendre quelque chose ou quelqu’un. Ma tête s’est mise à travailler, me présentant l’individu dans une scène policière peu banale... Plusieurs semaines plus tard, alors que l’histoire était terminée, on ne pouvait plus voir le lien entre le récit et l’incident qui a enflammé mon imaginaire. D’un évènement normal de la vie qui a duré moins d’une minute, j’ai créé une intrigue policière de 4600 mots. La nouvelle « La carte professionnelle » écrite en 2012 se trouve sur mon compte wattpad.com :


Vous pouvez trouver d’autres textes sur mon compte wattpad.com 


Exemple 3 : Je me souviens encore quand, étudiante au CÉGEP de Sherbrooke, j’avais pigé parmi les idées saugrenues que notre professeur un peu bizarre avait mises sur des bouts de papier dans une coupe. J’étais tombé sur l’expression « tête d’épingle ». Cool ! Les mots sont devenus une rétrospective sur mon cours de création française et un portrait des étudiants dans ma classe; cinq pages rédigées à la main en trois heures... 

De façon générale, mes idées proviennent de mon vécu. Ainsi, je peux affirmer que les romans de la série Le Pays de la Terre perdue auraient été fort différents si je les avais écrits à 20 ans, plutôt qu’à 57. Si le roman provient d’une simple question que je me suis posée (que se passerait-il si on perdait la technologie, d’un coup, un bon matin ?), chaque tome est étoffé de mon expérience de vie, mes convictions personnelles, de mes réflexions sur divers sujets et même, de mes émotions.  

Au cours des dernières années, alors que l’écriture a pris une place prépondérante dans mes activités quotidiennes, j’ai compris que la création elle-même stimule mon imaginaire. Combien de fois, alors que j’étais en train de travailler sur la collection du Pays de la Terre perdue, ai-je interrompu mes efforts pour écrire autre chose ? 

Comme aujourd’hui, je travaillais le chapitre 16 du tome IV quand j’ai dû fermer la page pour ouvrir un autre fichier vierge afin d’écrire ceci. Parce que, si ça bouillonne dans ma tête, je dois laisser sortir la vapeur... à tout prix. 

Si un nouvel auteur me demandait conseil pour stimuler son imaginaire, je dirais ceci : 

  • Observe autour de toi et écrit ce que tu ressens par rapport à ce qui se passe;
  • Demande-toi pourquoi les choses arrivent. Pourquoi une personne agit-elle de telle ou telle façon ? Tu n’as pas besoin de la vérité, juste d’une explication aussi saugrenue qu’elle puisse te paraître; écris ce qui se présente dans ta tête.
  • Écris ce que tu vois et laisse ton cerveau rayonner. Une tête d’épingle, une tasse de café refroidi, une chaise cassée et un paysage quelconque peuvent devenir le point d’ancrage d’une intrigue palpitante;
  • Se laisser prendre au jeu. À priori, il n’y a pas de mauvaises idées... il suffit de laisser son imaginaire et ses émotions travailler; 

Ma recette est fort simple : 

J’écris tous les jours sur n’importe quoi et sur tout. Avec l’habitude, il devient plus facile de décrire mes émotions, les scènes particulières ou les personnages. La rédaction d’intrigues remplies de détails tout aussi savoureux les uns que les autres devient de plus en plus facile.  

Observer et écrire ! 
Ressentir et écrire !
Réfléchir et écrire ! 
Voir et écrire ! 
Écouter et écrire ! 
Sentir et écrire ! 
Toucher et écrire ! 
Questionner et écrire !
Douter et écrire ! 
Écrire et écrire encore !  


Bon ! Maintenant que c’est écrit, je peux retourner à ce chapitre 16 du tome IV... qu’est-ce que je peux bien inventer pour rendre la vie de Nadine un peu plus difficile ? 


Merci d’encourager le livre indépendant !


Je vous souhaite de belles heures d’écriture !
Suzie Pelletier








mercredi 5 février 2014

Écriture - La page blanche

* * * * * Rubrique sur  l'écriture * * * * *

Le blocage de l’écrivain 

Attirée par la profession d’écrivain depuis quelque temps, je me suis intéressée au phénomène de la page blanche. Vous savez ? Cette peur panique de placer le crayon sur le papier et de rester incapable d’écrire un seul mot... Terrible ! Beaucoup d’auteurs parlent avec hantise de ce syndrome qui les a frappés à un moment ou l’autre de leur carrière.

Depuis longtemps, je m’enorgueillis de ma grande capacité à produire des créations en tous genres, peu importe les circonstances. Je n’ai qu’à prendre un crayon dans une main pour que les idées se bousculent dans ma tête; au rythme de mes doigts, les images exploser sur le papier, en mots ou en dessins. Je n’ai jamais connu le vide en écriture, ce blocage de l’écrivain. Est-ce que cela pourrait m’arriver à moi aussi ? L’idée même du syndrome de la page blanche me faisait peur. Je me demandais comment cela allait se passer pour moi. Quand allais-je frapper ce mur qu’on me promettait inévitablement ? Naïvement, j’ai même cru que cela ne m’arriverait jamais...

Le phénomène m’a frappée de plein fouet le 19 décembre 2013... en plein examen de littérature. L’ayant su d’avance, j’avais préparé dans ma tête un récit qui répondait aux critères d’évaluation déterminés par le professeur. Le syndrome de la page blanche a choisi ce moment pour me terroriser... Le curseur flottait sur l’écran d’ordinateur resté vierge. Le clavier restait silencieux. Mes doigts ne répondaient plus. Mes idées s’embrouillaient, les mots restaient diffus. Au début, j’ai cru que c’était l’accumulation de fatigue ou l’absence de sommeil des derniers jours. Pourtant... rien de tout cela ne m’avait jamais affectée de la sorte. J’ai pensé que le contexte d’examen me troublait... encore une fois, j’ai produit de très beaux textes dans ces circonstances... Je n’arrivais pas à expliquer ce blocage qui me donnait la trouille. Et si je n’étais plus capable d’écrire ? Plus jamais ? 

Je sentais ma tête se vider de son sang. J’ai fermé les yeux pour tenter de reprendre le contrôle. Un visage m’est apparu. Celui de Claire. Puis j’ai compris. Je ressentais des émotions si vives. La douleur associée à la mort éventuelle d’une femme qui m’était si chère remplissait complètement mon cœur et mon âme. Je n’arrivais pas à penser à autre chose, encore moins écrire ce récit d’aventures qui flottait en bordure de ma conscience. 

C’était ça, mon mur. Une totale incapacité de passer à autre chose. Le départ imminent de Claire me bousculait beaucoup trop. Ce jour-là, pour combler le vide que son départ causait dans ma vie, tout comme celui que je voyais sur l’écran, j’ai choisi d’écrire à son sujet. Un texte difficile à composer et qui ne me permettrait certainement pas d’obtenir une note parfaite à l’examen. Un récit pour soulager mon cœur blessé. Un hommage à cette femme qui a pris tant de place dans ma vie. Un texte que je ne publierai probablement jamais. 

Claire a choisi cette journée pour quitter définitivement ce monde. Mais avant de partir, elle m’a fait profiter d’une dernière leçon de vie. Il y aura d’autres émotions vives qui me bouleverseront un autre jour; c’est une certitude parce que c’est ça la vie. La douleur prendra tellement de place, que je ne serai pas capable de mener à bien mon travail quotidien d’écrivain. Ce 13 décembre, j’ai compris que j’avais la capacité de passer au-delà de ce blocage d’écrivain, en faisant face à mes émotions, pour grandir un peu plus.

 Merci Claire. Tu étais une grande dame. J’apprécie la leçon. Je ne t’oublierai jamais. 

Merci d'encourager le livre indépendant. 

http: //suziepelletier.ca

Plume/Suzie Pelletier