C’est toujours une joie que de me retrouver à Paris... cette fois, j’ajouterai l’utile à l’agréable. On m’attend au Salon du livre de Paris et je visiterai aussi mes coins préférés. Dommage que je doive prendre l’avion pour m’y rendre. Pendant un moment, je rêve du monde merveilleux de Star Trek où on peut en un instant se faire téléporter à l’autre bout de la planète...
La réalité me rattrape... Je suis assise sur un petit banc au dossier droit qui ne sera jamais assez couché pour me permettre un bon sommeil; il y a peu d’espace devant et, vu ma grandeur, mes pieds touchent à peine le sol; la ceinture de sécurité doit rester attachée en tout temps. C’est le confort total ! Puis ça brasse beaucoup... est-ce qu’on serait en train de traverser un orage du Pays de la Terre perdue ?
Bref, je passe le temps en écrivant. Tantôt, quand le repas sera servi, je vais retourner à mon livre Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy.
Aujourd’hui, je suis à bord du vol 870 d’Air Canada en partance de Montréal pour Paris Charles de Gaulle. Notre envolée de nuit a commencé à 20 h 50 très précisément. L’avion, un Boeing 777, est si immense qu’il prend plusieurs minutes avant de flotter dans les airs. Quand j’ai entendu le son familier des roues qui rentrent dans l’abdomen du monstre volant, j’ai su que c’était parti... dans quelques heures, je débarquerai dans la Ville lumière. D’ici là, je dois m’armer de patience.
Le principal inconvénient de ce genre de vol est... qu’il y a beaucoup de monde à bord. Trop de personnes à mon goût, même si plusieurs sièges restent vacants. Je sais... ça fait un tantinet asocial. Ça doit être la retraite qui fait ça... J’avais tout de même hâte que le pauvre petit bébé cesse de pleurer. Je l’ai vu en embarquant; il est mignon, mais ces pleurs sont insoutenables.
Quelques rangées devant moi, il y a un groupe d’étudiants. Secondaire 5, je crois. De Vancouver. À leur entrée dans l’avion, l’excitation était au maximum. Des cris stridents; il faut dire que les filles sont en grand nombre. Quand l’avion a pris son envol, tout est devenu calme. Peut-être que les moteurs faisaient trop de bruits pour que j’entende le reste. Ou c’était mes oreilles bouchées qui m’empêchaient de constater les autres sons. Mais ça faisait du bien.
Quand la consigne de la ceinture s’est éteinte, tout ce beau monde s’est mis à bouger en même temps. Je peux très bien comprendre qu’on veuille se retrouver seul dans une rangée, comme moi. L’avion n’étant pas rempli, ça avait du sens. Mais, quand trois étudiantes sortent de leur banc pour choisir trois autres sièges accollés, là je ne comprenais plus.
L’une des étudiantes s’est retrouvée juste devant moi et elle s’est offusquée quand je lui ai dit de remonter son banc... Moi, je veux écrire et je tiens à voir l’écran de mon MacBook Air. J’étais super contente quand l’agent de bord lui a suggéré de retourner à la place qu’elle occupait en arrivant. 0 pour l’étudiante ! 10 pour Suzie ! Bravo ! Mais je suis certaine que cela ne restera pas là.
Pendant que la carte m’indique que nous passons juste au nord de l’île du Prince Édouard et que l’avion file à plus de mille kilomètres à l’heure 10 668 m au-dessus du sol, mes papilles gustatives identifient que la bouffe s’en vient... du poulet, je crois. Le chariot de repas vient de passer à côté de moi; pousser par un agent de bord, il s’en va vers l’avant. Or, mon siège est le dernier de l’avion... j’espère qu’il va m’en rester.
Tout devient soudainement très calme autour de moi. On doit être sorti de la turbulence. Non ! c’est parce que tout le monde mange... mon plat s’en vient. Enfin. C’est le temps de fermer mon MacBook Air. Après le repas, je vais essayer de faire un petit dodo....
Finalement, il ne restait que du bœuf Stroganov pour le repas. Puis, comme personne n’occupait la place à côté, j’ai pris mes aises pour allonger mes jambes et dormir plus confortablement. Une heure après avoir fermé les yeux, une odeur de vomi m’a réveillé sec. La jeune fille avait le visage aussi blanc que le sac dans lequel elle déversait son estomac... tout ça dans ma rangée, juste de l’autre côté du couloir. De bon cœur, j’ai repris une position assise et j’ai donné mon siège au professeur qui tentait de venir en aide à la malade.
Constatant qu’au moins six personnes s’occupaient d’elle... à haute voix bien sûr, j’ai conclu que ma nuit était finie. À minuit et demi, 5 h 30 à Paris, j’ai sorti mon kobo et j’ai poursuivi la lecture de Bonheur d’occasion.
Si le dicton dit que les voyages forment la jeunesse, je pense que cette jeune fille de l'Ouest canadien va se souvenir longtemps de son premier voyage à Paris. Pensez-y... dans quelques jours, elle refera le chemin inverse : un premier bout de chemin entre Paris et Montréal et un deuxième entre Montréal et Vancouver...
Bon an mal an, parce que les choses ne sont jamais aussi pire qu'on le croit, j’ai profité du temps pour lire, écrire et prendre quelques photos.
Ici, ce n'est pas l'étoile polaire ni une comète… il s'agit de la lumière au bout de l'aile d'avion.
J'aime bien ce mécanisme qui m'indique où nous sommes rendus…
Le jour se lève sur l'Atlantique
Nous arrivons en France...
C'est nuageux… mais le soleil s'éclate tout de même.
On dirait tellement que c'est un tapis que ça donne envie de marcher dessus… mais la marche est haute… 37 000 pieds/ 11000 mètres. Ça doit faire mal en arrivant !
Bonne lecture à tous !
Plume / Suzie Pelletier
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