samedi 20 septembre 2014

Le musée de l'Empress of Ireland (Pointe-au-Père)


Pointe-au-Père, le 23 août 2014 


(source : Wkipédia)
Le 29 mai 1914, le plus gros naufrage au Canada avait lieu en face de Sainte-Luce dans le Bas-du-Fleuve. Éventré sous le choc avec le charbonnier Storstad, l’Empress of Ireland coule en 14 minutes, en pleine nuit; 1032 victimes. À l’époque, l’incident mortel devenait la deuxième catastrophe maritime au monde après celui du Titanic. L’évènement sur le fleuve ne sera dépassé que par le torpillage du Lusitania en 1915. 

Comment se fait-il alors que nous n’en avons pas entendu parler autant que l’autre qui a percuté un iceberg ? On dit qu’il n’y avait pas à son bord de passagers prestigieux. Peut-être. Je pense surtout que l’attentat de Sarajevo le 28 juin 1914, servant de déclencheur à la Première Guerre mondiale, a pris toute la place médiatique de l’époque. 

Pourquoi autant de victimes ? N’a-t-on rien appris avec la disparition du Titanic deux ans plus tôt ? Les constructeurs n’affirmaient-ils pas que ces bateaux  (Titanic, Empress of Ireland, Lusitania) étaient formidablement solides ? Je confirme que la vidéo qu’on présente au musée de l’Empress of Ireland est fort informative sur les évènements qui ont précédé le naufrage. Voici quelques points :
  • Si le navire contient des canots de sauvetage ainsi que des ceintures de flottaison en nombre suffisant, on n’a pas eu le temps de les utiliser. La large fissure positionnée entre les deux cheminées provoque l’engouffrement rapide de l’eau, couchant du coup le bâtiment sur le côté. Les manœuvres d’évacuation pratiquées au quart de tour sont devenues totalement impossibles.
  • Le Titanic a pris 2 h 30 pour couler. L’Empress of Ireland a glissé sous les eaux en 14 minutes. 
  • Tout comme pour le Titanic, la catastrophe arrive au cours de la nuit; plusieurs passagers et membres d’équipage de l’Empress ne quitteront même pas leur cabine.
Mais... le bateau n’était-il pas increvable ? À l’époque de la construction de l’Empress, les ingénieurs avaient prévu onze compartiments étanches. Ainsi, le bris de l’un laissait amplement le temps pour évacuer le navire en cas de naufrage. Selon ces spécialistes, il était possible pour le bateau de rester à flot même si deux de ces onze divisions étaient envahies. Les 10 cloisons étaient percées de 24 portes à dispositif manuel. On les gardait ouvertes en permanence pour une meilleure circulation des passagers et de l’équipage. L’enquête démontra que ces mécanismes ultramodernes se sont transformés, dans les circonstances, en point faible. Le bâtiment s’étant rapidement couché à tribord, il est devenu impraticable d’effectuer la manœuvre; toutes les portes sont restées grandes ouvertes, augmentant du coup la rapidité de l’infiltration d’eau. Le harponnage par le Storstad empêcha donc la fermeture des autres divisions, causant le remplissage de tous les compartiments et la perte du navire.

Si les Norvégiens ont jeté le blâme sur le capitaine Henry Kendall de l’Empress of Ireland, de ne pas avoir croisé le chemin du Storstad par bâbord, les Canadiens ont plutôt assigné l’erreur sur le commandant de bord qui aurait tardé à réveiller son capitaine en raison de la brume. Qu'importe, rien ne fera revivre les 1012 victimes. 

(source : internet)
L’Empress se situe à sept kilomètres en face de Sainte-Luce, par 42 mètres de fonds. Elle a été localisée en 1964 et déclarée « bien historique et archéologique » en 1999. D’ailleurs, le musée contient des artéfacts qui proviennent de l’épave. 

Nonobstant le fait que plusieurs Canadiens ont perdu la vie lors du naufrage, le site sous-marin protégé nous apporte une importante valeur patrimoniale. Il s’agit de l’un des derniers vestiges existant au Canada qui nous rappellent l’époque des grands paquebots du début du xxe siècle, l’arrivée massive d’immigrants européens et l’histoire du Canadien Pacifique qui « exploitait le réseau de transport et de communication le plus vaste au monde ».

Pour en savoir plus sur ce naufrage, voici deux sites web :

       Sur Wikipédia
       Sur Ici Radio-Canada
     

La visite du musée vaut le déplacement. L’examen des artéfacts ainsi que le visionnement du vidéo SOS — Empress of Ireland ajoutent à notre compréhension d’une époque qui n’est plus.  








Profitez de l’occasion pour traverser le chemin et pénétrer dans la maison du gardien où vous trouverez, avec des photos et des vidéos, des informations supplémentaires sur l’épave.


Bonne visite !



Plume/Suzie Pelletier

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