Écriture - Méthode de travail ou gestion de l'imaginaire
Méthode de travail ou gestion de l’imaginaire ?
Cette publication s’inscrit dans une suite de textes qui me permet de discuter de diverses questions qui me sont posées régulièrement lors de rencontre avec les lecteurs. Pour plus d’information sur cette série, vous pouvez consulter mon billet « mes aventures dans le monde littéraire » sur mon blogue.
On me demande souvent d’expliquer ma méthode de travail. Au début, j’avais tendance à répondre que je n’en avais pas. Je n’ai pas d’heure attitrée ni de jour consacré à l’écriture. Je n’ai pas d’endroit précis, choisissant le lieu où je me trouve au moment de consigner l’idée qui sort de ma tête. Je n’ai pas d’outil privilégié... une plume, un crayon de plomb, un stylo, un feutre, une feuille de papier, une serviette de table, mon iPhone, mon iPad, mon MacBook air ou... simplement un coin de mon cerveau fait très bien l’affaire. Je ne fais pas de plan avant de commencer l’écriture. Parfois, je me demande même si je ne ponds pas des récits de façon désordonnée.
J’ai lu sur les méthodes développées par des auteurs connus et j'ai discuté avec d’autres. Il y a Michel Tremblay qui nous a dit à plusieurs reprises qu’il travaille ses textes et ses personnages dans sa tête; puis, quand il est convaincu d’avoir pensé à tout, il produit son livre d’un seul trait... ça m’impressionne beaucoup ! Je viens de consulter un reportage sur Ken Folliet (L’Actualité) pour apprendre qu’il fait sa recherche, définit son plan puis rédige le premier jet de son roman, incluant tous les tomes d’une série s’il y a lieu; ensuite, il travaille à établir la meilleure façon d’intéresser les lecteurs. Je ne comprends pas comment on peut écrire pour les autres... j’aurais peur que ça brise mon fil créatif en tentant de plaire à tout le monde... J’ai un collègue qui s’installe au clavier et laisse l’histoire se dessiner d’elle-même. Pour les séries, plusieurs produisent un tome à la fois, attendant de voir l’effet du roman sur l’auditoire avant de poursuivre l'écriture de l'histoire.
Au fil de mes recherches et de ma réflexion, j’ai fini par trouver ce qui caractérise ma propre méthode...
J’écris en développant peu à peu le texte. Quand je prends un crayon dans ma main, ou que je dépose mes doigts sur le clavier avec une idée neuve, je tente simplement de sortir les impressions qui flottent dans ma tête. Le thème associé au roman se présente généralement en premier; c’est ce qui m’attire et me fascine. Puis un personnage se dessine, un lieu se précise, une intrigue s’emmêle, des couleurs apparaissent, des odeurs se faufilent et des sensations me bousculent. C’est d’abord un produit brut; puis avec le temps, je raffine le récit et, surtout, ma façon de l’aborder. Ainsi la première ébauche ressemble à un plan de travail fort élaboré plutôt qu’à une œuvre littéraire complète. On n’y retrouve pas encore les belles descriptions, les états d’âme, ni les débats émotifs qui sont caractéristiques de mes écrits.
Ensuite, je laisse le texte dormir quelques semaines. Je n’entends pas par là qu’il accumule la poussière, mais plutôt que mon cerveau s’en détache pour prendre ce recul qui permet à l’histoire de grandir dans ma tête, d’acquérir de la maturité. Puis je replonge dans le récit avec une nouvelle vigueur pour l’améliorer et lui donner du volume et de la pertinence. L’itération suivante génère des informations supplémentaires qui ajoutent du panache au roman. L’atmosphère commence à apparaître...
C’est ainsi que l’ensemble des cinq premiers tomes de la série « Le pays de la Terre perdue » ne faisait que 100,000 mots lors de la version trois, c’est-à-dire au moment où j’ai réalisé qu’il y avait cinq thèmes et que j'aurais cinq bouquin en les développant individuellement. La sixième partie est apparue quelques mois plus tard quand j’ai cherché à établir une finale que je voulais en émotion, en douceur et en intensité. Aujourd’hui, chacun des livres comprend au-delà de 480 pages.
Dans le fond, j’applique à mes textes la méthode que j'ai développé pour le dessin. Je pars du général puis j’ajoute des détails et des couleurs pour rendre le tout vivant, attrayant, convaincant et enrichissant.
Est-ce que je procèderai toujours de cette façon ?
Je crois bien. Il est possible que l’expérience m’aide à réduire le temps de travail, combinant des étapes, facilitant les corrections. Par contre, cette manière de créer d’abord l’intrigue pour ensuite l’améliorer, d’une session d’écriture après l’autre, me permet de bien camper le récit, de m’assurer que le fil de l’histoire demeure intact et que l’idée que je tiens à débattre reste présente dans le texte.
En ce qui concerne les romans (oui, d’autres sortiront après le Pays de la Terre perdue), je pense qu’il y aura toujours un thème. J’écris parce que j’ai quelque chose à dire. Sinon, je ferais autre chose. Ainsi, le propos que je veux présenter m’aide à établir l’intensité, développer les personnages et décrire l’environnement dans le temps et l’espace.
J’ai aussi remarqué que mes choix de récits de voyage tournent également autour d’une idée précise que le lieu visité m’a inspirée : une tension particulière, une expérience spécifique ou une scène dont je suis témoin. Toujours, ce sont les émotions vives engendrées par ce que je vis qui me galvanise à prendre le crayon et pondre des phrases. C’est la même chose pour mes publications sur mon blogue.
Vous ! Quelle est votre méthode ?
Chacun développe sa manière. L’essentiel est de bien comprendre ce qui nous allume et vous incite à vous dépasser. Qu’on laisse un personnage dessiner l’histoire ou que ce soit notre cœur qui force les mots hors de notre tête, l’important c’est d’écrire. Trouver votre chemin, votre moyen, votre façon de faire. Inventez-le si ce qui existe ne vous convient pas.
Surtout... écrivez...
Plume/Suzie Pelletier
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