vendredi 5 décembre 2014

Écriture - Comment devient-on écrivain ?


Comment devient-on écrivain ?

Cette publication s’inscrit dans une suite de textes qui me permet de discuter de diverses questions qui me sont posées régulièrement lors de rencontre avec les lecteurs. Pour plus d’information sur cette série, vous pouvez consulter mon billet « mes aventures dans le monde littéraire » sur mon blogue.

Souvent, notre présence dans les Salons du livre invite ce genre de discussion. Si cela me fait plaisir d’entendre les autres m’inclure dans ce groupe, je reste encore médusée par l’énigme aux multiples facettes.
Bien sûr... c’est une bonne interrogation. Mais d’abord... qu’est-ce qu’un écrivain ? Un peu comme la plupart des dictionnaires consultés, le Petit Robert nous indique qu’il s’agit d’une personne qui compose, écrit des ouvrages littéraires.  
D’accord... mais qu’est-ce qu’un ouvrage ou une œuvre littéraire ? Ah ! Là est toute la question ! En combinant mes recherches dans plusieurs livres de référence, j’arrive à produire l’expression simpliste suivante : une tâche terminée, relative à la littérature et complétée par un écrivain.
Wow ! Quelle belle façon de tourner en rond ! 
Je me souviens à quel point j’étais mal à l’aise quand, au début de cette nouvelle carrière, on m’habillait facilement du titre d’auteure ou d’écrivain. Comme nous vivons dans un régime de droit, je me retranchais derrière les définitions légales que j’avais sous la main. Un écrivain est un artiste. Une personne peut s’identifier comme un artiste, en vertu des lois d’ici, si elle est reconnue par ses pairs... Pour une œuvre littéraire, ça passe souvent par l’appui d’une maison d’édition, la publication d’un récit dans un journal, l’appartenance à une association professionnelle... 
Lorsque le deuxième roman de ma série est sorti en librairie, je suis devenue confortablement à porter le titre d’auteure. Comme s’il me fallait prouver une certaine continuité dans ma volonté de poursuivre cette carrière... Quant à celui d’écrivain, j’ai accepté de m’en revêtir quand un de mes textes a été choisi pour un recueil chez une autre maison d’édition; à mes yeux, ça confirmait que mes œuvres « reconnues » ne se limitaient pas à ma seule collection du Pays de la Terre perdue.   
 Voilà pour l’aspect légal et, je dirais... politique... de la chose. Bien sûr, il faut comprendre cette nature un peu élitiste du milieu littéraire... surtout si on veut publier un jour et pouvoir s’identifier comme travailleur autonome. Par contre, est-ce que j’aurais moins mérité le titre d’écrivaine si je n’avais pas procédé à l'édition, à l'impression ces textes et à leur distribution dans les librairies ? J’espère que votre réponse est négative...
Pour se définir comme un écrivain, un artiste de l’écriture, ça commence d’abord dans le cœur. Puis on s’améliore par l’entraînement. Un artiste est avant tout un passionné de l’apprentissage. Il veut tout savoir sur son sujet (que ce soit le dessin, la peinture, la musique, la photo); il tient à s’approprier l’ensemble des données disponibles. Il travaille un peu plus chaque jour à renforcir son style, explorant de nouvelles avenues, tentant des approches différentes. Ainsi, le texte qu’il produit aujourd’hui est meilleur que celui qu’il a rédigé la veille; le récit de demain sera autrement amélioré. 
Revenons à la question principale : comment devient-on écrivain ? 

Il faut d’abord comprendre à quel point la passion de l’écriture nous habite. Peut-être à tort, beaucoup souhaitent ardemment « devenir célèbres ». Combien de fois ai-je entendu des gens me dire qu’ils seront publiés par une grande maison internationale ? Sans avoir pondu une seule ligne ! On appelle ça « vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ». Peu d’entre eux finissent par transformer leur rêve en plan précis. En ce qui me concerne, l’écriture prenait tellement de place dans mon quotidien que j’ai même mis mes intérêts pour le dessin en veilleuse un certain temps. Voici donc quelques pistes qui peuvent vous aider à trouver si cette passion vit au fond de vous-même. 

Écrire... puis écrire encore. D’abord, choisissez un crayon, ou le clavier si vous préférez, et rédigez quelques lignes : parlez de ce qui trotte dans votre tête... ou ce qui se promène devant votre fenêtre; racontez un incident de votre journée, une belle scène humaine ou un autre plus désagréable; décrivez simplement un objet que vous aimez. Répétez cet exercice tous les jours. Commencez par une phrase et vous verrez que très vite, vos textes prendront une place de plus en plus importante dans votre quotidien. Puis, vous ne serez plus capable de vous arrêter... 

Viser l’amélioration continue. L’action de produire quelques lignes ne concrétise pas le fait d’être artiste. Ne croyez pas que vous écrivez à la perfection. Jamais. Un passionné cherche à tout savoir et à tout essayer sur le sujet traité. L’auteur teste ses compétences, étudie constamment par la lecture de manuel de référence, les cours, les échanges avec ses pairs, etc. Il trouve l’élément qui embellit une phrase, un mot nouveau qui définit mieux ce qu’il veut dire. Pour apprendre, il a besoin du contact avec d’autres gens qui ont le même enthousiasme : un coach, l’université, des ateliers d’écriture, les rencontres, les Salons du livre. 

Travailler avec acharnement. C’est comme dans toute chose, la passion dort au bord de notre cerveau. Elle nous réveille au milieu de la nuit. On doit la nourrir. Dans le monde littéraire, cela veut dire revoir un texte jusqu’à ce qu’on soit satisfait du résultat. Pour aboutir, il faut travailler, travailler puis travailler encore. 

Écrire par plaisir. À mon avis, le fait d’être écrivain se passe d’abord dans la tête et dans le cœur. La passion nous anime et chaque jour apporte son apprentissage. On grandit avec chaque mot nouveau. On savoure chaque phrase réussie comme si c’était du bon vin. On fignole délicatement un texte pour qu’il devienne le meilleur champagne du monde. Si votre engouement n’est pas celui de l’écriture, vous n’aimerez pas la rigueur que nécessite le métier. Inutile de vous affubler du titre d’auteur si vous n’arrivez pas à produire pour le plaisir.  

Une dose d’humilité. Alors que la publication d’un livre nous remplit de joie et d’une immense fierté, il ne sert à rien de s’enfler la tête. Même ceux qui vivent de leur plume affirment qu’ils sont chanceux. La plupart d’entre nous connaîtront au moins une fois une salle vide, un moment de solitude en salon où on ignorera notre table. Nous absorberons difficilement le regard sévère de quelqu’un à qui on offre un bouquin qu’il ne veut pas. On fait ses classes lentement, un pas à la fois. La route est longue et il faut se rappeler que la destination (la célébrité) est moins importante que le voyage lui-même.  

Ouais. Devenir écrivain demande du talent et de la passion; mais surtout, cela nécessite une grande détermination et une énorme capacité à trouver dans l’adversité le détail qui nous fait avancer. 

Je porte fièrement le titre d’écrivaine. Et vous ?

Plume/Suzie Pelletier

2 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  2. Pour ceux et celles qui ont lu mon texte dans les dernières heures, vous remarquerez que j'ai supprimé le commentaire d'une personne qui a écrit en tant qu'anonyme. Je l'ai enlevé, non pas parce qu'il ne contenait pas d'information intéressante, mais plutôt parce que le message était enrobé d'arrogance et de condescendance. La perfection n'étant pas de ce monde, l'arrogance et la condescendance ne font pas partie de ma vie. Je suis imparfaite et je m'assume. Au moins, moi j'ai encore de la place pour évoluer.

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