jeudi 29 janvier 2015

Cuba 6 — Arnaque ou une question de survie ?


Quand nous voyageons, nous acceptons d’office de nous ouvrir à des expériences différentes et parfois... déroutantes. 

C’était notre premier soir à La Havane. Sachant que la sécurité était maximale dans le coin de l’hôtel de luxe Iberostar Parque Central que nous habitions, nous avons décidé de chercher un dépanneur local pour nous procurer des bouteilles d’eau à un prix plus satisfaisant que ce que l’hôtel nous chargeait. Vivre de façon somptueuse ne veut pas dire que nous acceptons de nous faire flouer par tous les moyens... 

La chaleur était à peine tolérable. Les bruits de Klaxon et des moteurs nous étourdissaient. L’humidité empêchait le nuage de pollution dégagé par les voitures anciennes de se déplacer vers le ciel. Nous étouffions. Je m’ennuyais presque de la neige de chez nous.

Nous marchions depuis plusieurs minutes dans cette atmosphère plutôt... intense quand nous avons identifié l’épicerie Harris Brothers. Bien sûr, c'était à l’heure de la fermeture. Un couple de jeunes cubains nous aborde sur l’entrefaite. Une conversation s’ensuit, à moitié en anglais, à moitié dans ce langage cubain où la fin des mots n’est jamais prononcée. L’homme comprend que nous sommes déçus de ne pas avoir trouvé d’eau embouteillée. Il s’avance vers le magasin, argumente avec un employé et réussit à nous faire entrer malgré l’heure tardive. 

Nous avions entendu parler de cette méthode des Cubains de faire ce genre d’arnaque. On t’aide... puis tu nous rends service ensuite. Rien de bien méchant, mais désagréable tout de même. Par contre, nos deux jeunes n’avaient encore rien laissé transparaître. La discussion allait bon train sur nos origines, notre voyage, etc. Nous étions contents de payer notre eau 1,50 CUC la bouteille au lieu de 8,00 CUC demandé à l’hôtel. Nous prenons deux litres.

C’est ainsi que la conversation a dévié. Le couple avait deux enfants et il leur était difficile de trouver du lait pour leurs bébés, car, même si les touristes peuvent acheter tout ce qu’ils veulent, les Cubains n’ont pas cette chance. Une discussion très rapide s’ensuit entre l’homme et la commis; quatre sacs de nourriture séchée apparaissent sur le comptoir. La dame munie d’une calculatrice me montre le prix : 13 CUC... juste le montant qu’on vient de sauver... Tiens donc... 

Perplexe, je prends un sachet dans mes mains pour mieux l’examiner. Du lait en poudre. Sur le côté, un mode d’emploi pour différents âges : Six mois, 12 mois, 18 mois et 24 mois. Je me souviens que dans les pays latino, on ne boit du lait que lorsqu’on est un bambin... 

J’ai encore un doute. J’observe leurs doigts. Tous les deux portent un jonc de mariage. Ce pourrait être pour notre bénéfice... Puis je regarde la mère droit dans les yeux. Je demande quel âge ont les bébés. Dix-huit mois. Des jumeaux. Une fille et un garçon. Elle me donne leurs noms que je ne retiens pas. Ses yeux brillent de cet éclat reconnaissable. Comme ceux de mes enfants quand ils parlent de leurs rejetons. Son visage est soucieux, une sorte de peur qu’on refuse l’entente. 

Je suis perplexe. Sommes-nous en train de nous faire arnaquer ? Ou plutôt, est-ce que ce couple cherche à survivre à leur façon ? Je jette un regard vers Denis et je sens que j’ai toute la liberté de décider de la suite des évènements. Le jeune homme a la larme à l’œil. Est-il si bon acteur ? Ou plutôt... craint-il que je refuse ? 

Je suis perplexe. Si je m’attendais à ce genre de tentative d’arnaque pour qu’on nous vende du rhum ou du tabac, jamais je n’aurais cru qu’un jour j’hésiterais à acheter du lait pour des enfants... Le calcul se fait vite. 13 CUC. On n’en mourra pas. De toute façon, que peuvent-ils faire avec du lait en poudre ? Je me tourne vers la dame derrière le comptoir et je termine la transaction pour les quatre sacs. 

Le couple est très ému. À leur dire, la quantité acquise leur durera au moins trois mois. La commis me sourit et, les yeux brillants, elle me donne un magnifique « gracias por los ñinos... » Je ne sais pas si elle parle des bébés ou des jeunes parents, mais je souris en retour. 

Denis et moi nous avons discuté de l’incident pendant des jours sans vraiment pouvoir conclure le débat. Nous avons agi avec notre cœur. Je demeure convaincu que, s’il y a eu arnaque, le résultat en était valable. Un peu plus tard, j’ai eu l’occasion de questionner des gens de la place. Ils ont tous confirmé la grande difficulté pour les Cubains de se procurer des provisions souvent essentielles en raison de la rareté alors que les touristes qui débarquent peuvent acheter tout ce qu’ils veulent à gros prix. On ne parle plus d’arnaque, mais d’injustice. J’en ai encore les dents serrées et le frisson parcourt mon corps. 

 Nous avons possiblement payé le lait en poudre plus cher qu’il ne vaut... et puis après ? 

J’ai finalement décidé de ne plus me questionner sur le sujet, reléguant l’incident au rang des bonnes actions que le hasard des routes du monde nous permet parfois d’accomplir. 


Suzie Pelletier 

mardi 27 janvier 2015

Cuba 5 - La Havane


Avant de commencer à vous raconter les détails de nos visites à La Havane, il convient de comprendre un peu mieux cette ville qui nous a épatés... et étonnés. Elle nous garde encore aujourd’hui songeurs et perplexes. 

La Ciduad de La Habana est la capitale de Cuba, un port de mer fort achalandé et le centre économique du pays. Plus de 3,7 millions de personnes habitent la plus grande ville de toutes les Caraïbes. La cité s’étale sur 720 km2 et elle est située sur le côté nord de Cuba, à l’ouest de l’île et juste en face du détroit de Floride.

On raconte que son statut de ville, signé par le roi Philippe II d’Espagne en 1634, la désignait comme la Clé du Nouveau Monde et le Rampart des Caraïbes. C’était 42 ans après la découverte de l’endroit par Christophe Colomb. La ville s’appelait alors San Cristobal de la Habana.

 Aujourd’hui. La Havane héberge le gouvernement cubain. Elle est également le lieu principal des affaires du pays ainsi que le centre culturel de l’île. 

Son climat tropical annonce 22 °C en janvier et février pour atteindre 28 °C en plein cœur de l’été. Malheureusement pour nous, amoureux des grands froids de l’hiver, notre visite en décembre 2014 nous a fait vivre sous une température variant de 25 °C à 28 °C. Cependant, nous avons souffert encore plus de l’humidité qui transperce tout. Impossible de rester au sec. La sueur couvre continuellement nos corps. Même si un vent léger circule constamment dans les rues de la ville, il n’arrive jamais à assécher la peau ni les vêtements. 

Ça sent mauvais.


D’abord, il y a ce smog permanent causé par le trop grand nombre d’automobiles des années 50 qui n’ont aucun catalyseur et, surtout, qui brûlent de l’huile. Les Cubains rafistolent leurs voitures antiques pour en conserver leur état presque d’origine, à l’extérieur. Par contre, l’absence de pièces de rechange, qu’ils ne peuvent importer dans l’île en raison de l’embargo américain, les oblige à adapter d’autres pièces avec un succès mitigé. D'où la pollution intense. 

Pour ajouter à notre inconfort, des débris en tous genres ramassent la poussière, le sel et l’humidité, créant une odeur de moisi difficile à supporter. Ensuite, l’effluve de déchet flotte en permanence dans la ville. Si cette émanation était négligeable à notre arrivée, j’ai refusé, trois jours plus tard, d’entrer dans le quartier chinois, tant la senteur nauséabonde qui se tenait en périphérie m’étouffait. 

Les Cubains sont joyeux, aiment la musique et sont très ouverts avec les visiteurs. Malheureusement, l’apport touristique important, doublé d’une difficulté apparente de gagner sa vie, leur a fait développer une manière de faire qui dérange les étrangers. L’attitude plutôt générale s’apparente à l’arnaque. On vous dit bonjour; si vous répondez, on accroche votre bras. On veut vous montrer quelque chose de spécial : une statuette, une breloque, une toile, un bout de tissu peint à la main, des jouets. Tout est fait avec cœur et il est évident que les brocanteurs gagnent leur vie en vendant ces marchandises de pacotilles. On ne vous lâche pas et tous les arguments sont utilisés pour tenter de vous refiler quelque chose pour quelques pesos. D’autres vous incitent à acquérir des cigares dont l’origine est douteuse, du rhum dont la qualité laissera à désirer. Tout cela se passe sous les yeux de la police. Rien de bien malin, même si l’attitude est si répandue qu’elle agresse. Très vite, nous apprenons à dire « non » au lieu de bonjour; parce qu’un simple sourire attire une conversation et qu’une discussion se paie en achetant quelque chose. Nous marchons sans nous arrêter. Nous évitons de pointer,  du doigt ou du menton, quelque chose qui pourrait nous intéresser... sinon, c’est la foule qui nous entoure... Si vous prenez une photo, on exigera un peso.  

On comprend vite que, pour eux qui vivent difficilement de salaire minable, l’arrivée de touristes dans les parages correspond à un apport de pesos qui les aideront à procurer l’essentiel à leur famille. Malgré tout, il y a très peu de mendicité à La Havane. On tentera plutôt de vous vendre quelque chose, n’importe quoi en fait, un objet ou un renseignement, pour avoir votre argent. Bien sûr, la présence de policiers à tous les 200 mètres permet le maintien de l’ordre. D’ailleurs, je les ai plus souvent vus s’impliquer pour sortir un étranger d’une situation que pour s’occuper des Cubains. Ils sont là pour protéger le tourisme, cet élément économique si important pour ce pays qui subit encore l’embargo américain.  

Pendant notre séjour, nous avons supporté stoïquement cet état de choses qui constitue un fait de la vie à Cuba. C’est ainsi que nous avons réussi à rester calme malgré cette attitude pour le moins désagréable des Cubains de s’accrocher à nos bras et nos vêtements pour attirer notre attention ou bloquer notre chemin pour mieux nous parler. 

Malgré tout, nous avons marché chaque jour des dizaines de kilomètres pour vadrouiller dans les rues de la ville. Jamais nous ne nous sommes sentis en danger, que ce soit en plein jour ou après le coucher du soleil dans des ruelles sans lampadaires. Nous avons aussi rencontré des gens fort intéressants et toujours prêts à aider, même si parfois on s’attend à une rémunération quelconque. 

Si nous avons surtout visité La Havane antique, cette partie de la ville ne comprend même pas le cinquième de cette grande cité. S’ajoutent des quartiers modernes, des marchés internationaux et un secteur universitaire fort étendu. 










Les prochaines publications vous expliqueront les moments clés ainsi que d’autres instants fort exceptionnels de notre voyage à La Havane. 


Suzie Pelletier 

jeudi 22 janvier 2015

Cuba 4 — Une première impression


Les odeurs de cigare, de terre chauffée, d’essence et d’huile mal brûlée chatouillaient encore mes narines quand l’autobus s’est finalement mis en branle, vers La Havane, avec une bonne heure de retard. « Ça ne fait rien... » que je me dis. « C’est ça les vacances... ne pas avoir de contrôle. » 

Enfoncée dans mon siège, je n’arrive pas à lire quoi que ce soit. Alors que nous roulons sur la nationale, je regarde par la fenêtre pour voir ce que le paysage m’apporte de spécial. Il y a des palmiers partout et l’odeur de mer reste suspendue dans l’air climatisé de l’autobus. « Je suis dans le Sud. » Les voitures américaines des années 50 pullulent. Au-dessus de la route flotte ce nuage gris un peu bleu qui s’accentue considérablement quand un conducteur pèse sur l’accélérateur. Ça me rappelle que, dans ces années-là, les véhicules n’étaient pas munies de catalyseurs. Les effluves désagréable pénètre dans mes narines. 

Au bout d’une heure, le chauffeur arrête l’autobus dans ce qui ressemble à une aire de repos. Chez nous, on y trouverait un Pizza-Hut, un Mac Do, un Burger King, trois ou quatre stations-service... ici, il n’y a rien d’américain. J’identifie un bar ou flotte un peu trop l’odeur de rhum, un restaurant qui annonce des repas créoles et un étalage de t-shirt à l’effigie de Ché Guevara. Le temps de prendre quelques photos et regarder les quelques babioles qui servent d’attrape-touriste, puis nous repartons. 



En bordure de la capitale, l’autobus s’arrête plutôt brusquement, ce qui porte les passagers à observer une scène touchante. Le conducteur avait stoppé le véhicule pour permettre à un vieil homme muni d’un sac de vidanges noir, marchant difficilement avec une canne, de traverser très lentement la nationale. Sur sa tête, une calotte à la Fidel Castro se tient en déséquilibre. D’un sourire sans dents, il remercie notre chauffeur. Son compagnon de travail, d’une vingtaine d’années, l’encourage à se rendre dans la clairière en bordure de la route pour y ramasser des détritus laissés par les visiteurs... ou un orage. 

Attendrie, j’ai souri. Puis mes yeux se dirigent vers les bruits tout à côté. La scène est plutôt saisissante. D’abord, une Mercedes rutilante toute neuve suivie d’une BMW noire  dépassent l’autobus moderne. En même temps, en sens inverse, je vois passer une bécane rouillée, sans aucun changeur de vitesses, montée par une femme qui pédale difficilement en tentant de ne pas perdre l’enfant assis sur la barre transversale. « Comme nous faisions, chez nous, dans les années 60... » À côté, sur l’accotement, un paysan conduit un boguey tiré par un cheval. Puis, lentement, pour ne pas écraser personne, une vieille Chevrolet avance en laissant échapper un nuage gris. Wow ! Tous les moyens de transport disponibles sur l’île de Cuba venaient de m’apparaître en moins de 30 secondes, dans le même espace. Même pas le temps de sortir l’appareil photo... 

Au cours de cette balade en autobus, j’ai observé ce territoire de Cuba. Il y énormément de roches. Beaucoup de roches. Des falaises rocheuses. Des débris de roches ici et là. Puis il y a cette végétation qui s’accroche partout, comme si elle tentait de retirer du regard des curieux ces roches disgracieuses, vestiges d’une rigueur quelconque dans le passé de l’île. Un peu plus tard, je suis surprise de voir de grandes étendues de sable... et de nombreux puits de pétrole... 

Alors que nous entrons dans La Havane, je reste songeuse, incapable de décider si je suis heureuse d’y être ou déçue de ce que j’y trouve. En soirée, une balade sur la Prado me permet de constater toute la complexité de la ville et de ses habitants...

Même si je suis revenue chez moi depuis plusieurs semaines, je n’arrive pas encore à qualifier la sensation vive vécue là-bas durant nos sept jours de visite. Une sorte de malaise causé par le désordre constant dans notre façon d’interpréter l’île. L’intention évidente de plaire des Cubains. L’acharnement de la population à survivre. La surveillance policière permanente. L’odeur de rancis mélangée à celle de l’huile à moteur mal brûlée et à laquelle s’ajoutent des effluves de cigares et de rhum... 

Pourtant, je m’attendais à ça... Je vous raconte dans mes prochaines publications...



Suzie Pelletier 

mercredi 21 janvier 2015

Cuba 3 — Ses batailles historiques



On ne peut pas parler de Cuba sans présenter d’abord son développement en tant que pays, une histoire post-colombienne qui s’étale maintenant sur 522 ans. 

La révolution cubaine, menée par les frères Fidel et Raúl Castro aidés de Che Guevarra, se termine en janvier 1959. Par la suite, Cuba se définit comme une République socialiste. Le Parti communiste de Cuba est le seul organisme politique reconnu par la constitution. Depuis, deux dictateurs ont géré le pays. D’abord, Fidel a porté le titre de premier ministre de 1959 à 1976 puis il est devenu le Président du Conseil d’État. En 2008, il laisse le pouvoir d’état à son frère Raúl qui devient également le chef du Parti en 2011. 

La vie sur l’île avant 1959...

Source : whatcuba.com

Avant l’arrivée des conquistadors, trois peuples amérindiens occupaient l’île. Les Guanajatabey auraient été les premiers insulaires; ces chasseurs et cueilleurs habitaient dans des grottes. Les Ciboney vivaient de la pêche et de la chasse et les activités économiques des Taïnos étaient des chasseurs et cultivaient la terre. Ensemble, les trois communautés auraient eu jusqu’à 100,000 personnes. Une consultation de la littérature disponible n’aide pas à expliquer leur disparition complète de l’île de Cuba. Certains parlent de diverses rébellions contre les Espagnols qui les utilisaient comme esclaves, plusieurs discutent de dissémination par l’apport de maladies européennes. D’autres affirment que l’arrivée des conquistadors, et des colonisateurs par la suite, a fait fuir les peuples qui auraient transporté leurs avoirs sur d’autres îles. La vraie histoire est probablement composée d’un peu de tout cela. Somme toute, dès le milieu du XVIe siècle, il n’est plus question d’autochtones à Cuba. 

Source : wikipedia.com

Christophe Colomb découvre l’île le 28 octobre 1492 et l’intègre à l’empire espagnol. N’y trouvant pas l’or tant recherché, les Espagnols transforment l’île en un lieu de transit pour les vaisseaux qui naviguent entre l’Amérique centrale et l’Espagne. De grandes villes s’installent, dont San Cristobal qui deviendra La Habana, et une économie distincte prend forme. Dès lors, Cuba sera reconnu pour la culture du tabac, du café et de la canne à sucre. Le pouvoir de l’Espagne sur Cuba durera 400 ans.






Source : Wikipédia.com

Carlos Manuel de Cèspedes (1819-1874) est appelé le père de la Patrie. Riche propriétaire terrien, il est le premier à affranchir ses esclaves dans un mouvement de solidarité pour déstabiliser la dominance espagnole. Ce geste, suivi par l’ensemble des « propriétaires », devient une tactique importante dans la Guerre de Dix Ans (1868-1878) et qui se termine dans un bain de sang. Les Espagnols reprennent le pouvoir. La guerre d’indépendance cubaine qui dure de 1895 à 1898 libère l’île du joug espagnol. 




De 1898 à 1934, les Américains s’ingèrent dans les affaires de Cuba. Un régime militaire s’installe sur l’île et Fulgencio Batista (1901-1973) en prend le contrôle en 1933. Ce dictateur occupe la présidence de la République de 1940 à 1944. Un coup d’État ramène le dictateur au pouvoir en 1952 d’où il sera délogé par Fidel Castro en 1959 au cours de la révolution cubaine. 



En discutant l’histoire de ce pays, il est impossible de passer sous silence l’embargo économique contre Cuba imposé le 7 février 1962 par les Américains à la suite de la nationalisation unilatérale des compagnies américaines établies sur l’île de Cuba. Il faut ajouter que la Russie avait une entente économique avec Cuba depuis 1960. Bien sûr, quand l’URSS installe des missiles nucléaires sur l’île, les Américains se sentent menacés. Aujourd’hui, cette peur engendrée par la guerre froide (É.-U. — URSS) n’a plus sa raison d’être. Ainsi Barack Obama, le président actuel des États-Unis, a annoncé en décembre 2014 que cet embargo qu’il qualifie d’inefficace sera levé.  D’Ailleurs, ce week-end, commence des pourparlers à Cuba. 

Mes réflexions sur le sujet m’apportent plusieurs questions. 

Si les frères Castro mènent le pays depuis 65 ans, ils ne sont pas éternels. Les journaux internationaux relatent le fait que personne n’a vu Fidel depuis plus d’un an maintenant. Quel serait l’effet de sa mort, surtout que ni lui ni son frère n’ont de descendants qui pourraient poursuivre cette dynastie. Que se passera-t-il avec cette dictature lorsque les deux ne seront plus de ce monde ? 

Barack Obama, un démocrate, prend une direction dans la politique étrangère de son pays qui va à l’encontre de ce que veulent les deux chambres (Sénat et Congrès) contrôlées par les républicains. Arrivera-t-il à faire voter les lois qui sont nécessaires pour éliminer complètement l’embargo ?

Je reste tout de même perplexe quant à la venue massive d’Américains à Cuba qui comprend 11 millions d’habitants. Pourquoi les États-Uniens se comporteraient-ils différemment à cet endroit qu’ailleurs dans le monde ? Leur attitude de conquérant bousculera peut-être un peu trop ce peuple paisible malgré la dictature... 

Plusieurs Cubains nous ont déclaré voir d’un bon œil la fin de l’embargo. Ils auront enfin accès à toutes sortes de produits. Ils croient d’ailleurs que l’argent des États-Unis aidera la population cubaine à mieux vivre via, entre autres, le tourisme. Avez-vous déjà vu les Américains enrichir quelqu’un d’autre qu’eux-mêmes ?

Pour l’humaniste que je suis, je sens que les réponses non dites à ces questions proposent une opinion très dure contre les Américains. Je sais ! C’est plutôt rare que j’émette un tel négativisme... réalisme peut-être ? C’est la faute de ce pays appelé Cuba qui ne laisse personne indifférent. Pourtant, je demeure convaincue que mes conclusions seront prouvées dans un avenir... probablement rapproché... 

Pensez-y. Combien de temps cela prendra-t-il pour rendre cette île « américaine » quand les républicains comprendront l’importance stratégique de l’endroit sur l’échiquier international ? On ne parlera plus de tourisme, mais peut-être d’occupation. Ça me donne froid dans le dos...

Une autre bataille s’installera-t-elle pour ce petit pays des Caraïbes qui se trouve un peu trop près de la Floride ?


Suzie Pelletier 

jeudi 15 janvier 2015

Cuba 2 — Enfin ! Les vacances !



C’était la première fois que nous prenions l’avion si tôt le matin pour nous rendre à l'extérieur du pays. Je gardais un air soucieux qui accrochait un sourire narquois sur le visage de Denis. Il me connaît trop bien. Arrivée à l’aéroport Pierre-Elliot Trudeau à 3 h, j’avais la nette impression d’avoir oublié quelque chose. Pourtant, je savais très bien ce qui me bousculait autant : l’absence de mon ordinateur dans mes bagages; je l’avais fait taire la veille... volontairement.  

Je regarde ma montre. Il est 5 h et je note que mon MacBook Air est silencieux depuis douze heures. Je m’ennuie du clavier. Je me souviens que j’ai une application sur mon iPhone pour écrire, mais je résiste. 



J’ai besoin de cette cassure nette avec la création littéraire, une sorte de repos des mots... pour me prouver que je ne suis pas accro à la composition des phrases. 





Je n’ai accepté qu’un seul compromis : un carnet jaune qui me servira à prendre... des notes seulement! Hum... il y a également un cahier similaire dans mes bagages, mais il est rouge. J’ai peur de manquer de pages. Je suis vraiment accro 




Accro aux mots…
Accro aux phrases… 
Accro à la création littéraire...







Nous sommes fidèles à notre merveilleuse habitude de ne jamais courir pour partir. Ainsi nous arrivons à la porte 51 de l'aéroport de Montréal bien à l’avance. Denis sort son Kindle; moi aussi. Mais avant de commencer la lecture, je prends le temps d’observer les gens qui déambulent dans le long corridor de l’aéroport international. Je suis surprise de voir le tempo langoureux des vacanciers. Il n’y a pas cette frénésie que l’on retrouve ordinairement au cours des heures dites ouvrables. Personne ne porte d’habit. Le jeans et les pantalons de type cargo sont à l’honneur. Certains sont déjà en sandales et en short; un indice clair qu’une plage quelconque les attend. Aucun des visiteurs ne bouscule les autres, même pas les travailleurs de l’aéroport. On affiche un sourire béat en anticipation les vacances. On s’accroche à un banc pour dormir, parce que la nuit a été trop courte. Un couple qui se tient par la main s’arrête à tous les dix pas pour échanger un baiser; nouvellement mariés peut-être ? J’observe tout. Mes doigts me démangent. Non ! « Tu as besoin de ce repos... » que je me dis. 

Pourtant, même quand l’Airbus 310 vole à 35,000 pieds au-dessus des États-Unis, je ne ressens pas l’effet « vacances » qui semble toucher tous ces gens autour de moi, même Denis. La trop grande fatigue habite encore mon corps. 

Quand la porte de l’avion s’ouvre sur cet escalier qui descend à pic vers le tarmac à l’aéroport de Varadero, un effluve de terre brûlée par le soleil et rancie par l'effet du vent humide s’engouffre dans mes narines. Sans être vraiment agressante, l’odeur qui n’est certainement pas suave me donne un peu mal au cœur. Une fois les pieds sur le sol, je ferme les yeux un moment. Je respire à plein nez cet air chaud qui n’a jamais connu la neige. Puis mon nez découvre deux autres indices du lieu où je me trouve. Ça sent le tabac. Pas la cigarette. Le cigare. Puis il y a les émanations d’essence et d’huile à moteur mal brûlée. La pollution automobile. Quand nous arrivons d'un voyage en avion, c’est l’odeur de cet ailleurs qui nous frappe en premier...

Denis et moi prenons place dans le véhicule qui nous transporte jusqu’à l’aérogare. Les postes de la douane et de la sécurité passés, nous identifions l’autobus qui nous amènera à notre première destination, La Havane. Je sors ma liseuse électronique et je reprends la lecture de ce livre intitulé « A field of Glory » de cet auteur que j’adore, Michael Jecks. 


Puis, laissant un immense bien-être s'infiltrer dans mon corps fatigué, je saisis enfin ce qui m’attend pour les prochains jours. 



Je suis rendue dans le Sud. À Cuba. Je suis en vacances. « Relaxe ma belle ! Laisse-toi porter par l’expérience ! Prends le temps de te reposer... »

Une sorte de soulagement envahit mon âme. L’aventure peut maintenant commencer...

Bienvenida a Cuba !



Suzie Pelletier 

mardi 13 janvier 2015

Cuba 1 — Le retour et les réflexions



Denis et moi avons visité Cuba du 20 au 27 décembre 2014, logeant à l’hôtel Iberostar Parque Central de La Havane pour trois jours et dans un complexe de vacances, le Iberostar Laguna Azul, à Varadero pour quatre jours. 






Qu’est-ce que je savais de Cuba avant de partir ? Les touristes peuvent déambuler facilement et en toute sécurité dans la grande majorité des régions du pays. La langue officielle est l’espagnol, mais on y parle l’anglais et, dans une certaine mesure, le français. Il y fait chaud et nous voulions nous éloigner de la neige; l’une de nos destinations se situait en bordure d’une plage de sable de 20 km. Air Transat nous y amène en moins de quatre heures. 

Pour une fois, reconnaissant que la vie nous bardassait un peu trop, nous n’avions pas le temps de mieux préparer ce périple. Deux guides de voyage, l’un sur la Havane et l’autre sur Cuba, se sont retrouvés dans nos bagages sans avoir été ouverts... De toute façon, nous avions choisi la destination pour nous reposer et, surtout, pour faire une coupure nette avec le tourbillon de notre existence un peu trop bousculée des dernières années. Depuis notre retour à la maison, je fouille les références afin de mieux comprendre cet état insulaire des Caraïbes bordé par la mer des Caraïbes, le golfe du Mexique et l’océan Atlantique. 

Je ne sais pas encore si je revisiterai un jour sur cette île d’un peu moins de 111,000 km2 où ont habité Ernest Emmingway, Pablo Picasso, Al Capone et Che Quavara. Quel mélange étonnant ! Quand j’ouvre mon carnet de notes, je retrouve l’odeur des cigares et du rhum et les images de vieilles autos américaines rafistolées. Je revois aussi le nuage de pollution grise qui s’accumule en permanence au-dessus des rues de La Havane, la façon des Havanais de harceler continuellement les visiteurs, les arnaques fort populaires pour berner les touristes. De Veradero, je retiendrai sûrement les heures de lectures au bord de la piscine, les longues marches sur la plage de sable blond... et les aliments mal cuits...  

Les billets, que j’écrirai dans les prochaines semaines, m’aideront à répondre à cette question : est-ce que je remettrai un jour les pieds à Cuba ? Est-ce que l’attrait d’autres coins de la planète m’attirera plus ? 

Au fur et à mesure que je redécouvrirai mes notes toutes simples, je modifierai cette publication pour ajouter les titres des textes qui ressortiront de mes réflexions commencées au cours du périple et poursuivies après mon retour : 



Juste avant notre départ, le président des États-Unis, Barack Obama, a annoncé qu’il prenait des mesures pour abolir l’embargo économique que son pays maintient contre Cuba depuis plus de 50 ans. Notre voyage nous a fait constater les conséquence de cette décision de John F Kennedy et imposé de par le monde en 1961. Je pense que mes réflexions sur le sujet transpireront dans mes écrits. 






Mes recherches m’ont également permis de mieux comprendre les effets des agissements de Fidel Castro dans l’après-révolution. Je parlerai aussi de ce socialiste humanitaire... si rien n’est parfait dans la vie, je peux dire que Fidel n’est pas le méchant garnement décrit par nos gouvernements dans les années 60 et 70... 



À suivre...

Bonne lecture ! 

Suzie Pelletier 

vendredi 9 janvier 2015

Lecture — Jimmy Blackburn — Borale


Rubrique sur la lecture
Auteur : Jimmy Blackburn 
Titre : Borale
Genre : fantastique et futuriste
Maison d’édition : Véritas Québec
Site web : Véritas Québec 

(Mise à jour le 8 septembre 2015)
Je viens de terminer la lecture du deuxième et dernier tome de cette aventure. J’ai déjà hâte de voir ce que Jimmy va nous sortir comme prochain roman, car je suis certaine que cet auteur ne pourra pas s'arrêter à ce roman. D'autres idées trottent sûrement dans sa tête...

Au fil du temps, comme les plus rêveurs d’entre nous, j’ai tenté d’entrevoir ce qui se trouve dans les entrailles de la Terre; je me souviens de mon enthousiasme quand j’ai lu « Voyage au centre de la Terre » de Jules Verne. Malgré cela, rien ne me préparait à l’imagination de Jimmy Blackburn. Il nous présente un monde fabuleux, chaleureux, accueillant, dangereux et excitant à la fois. Un mélange explosif, mais tout de même enchanteur. Si les jeunes adolescents sont friands de cette épopée, j’admets facilement que le livre s’adresse à toute personne qui aime se retrouver en dehors de son quotidien pour vivre une expérience extraordinaire à travers les bouquins. 

Dans le premier tome, Les pierres de vie, l’intrigue de départ que nous propose Jimmy est fort plausible même s’il le situe en 2067. Qui n’a pas imaginé qu’un évènement quelconque menace la vie sur notre planète comme nous la connaissons ? Les humains survivraient-ils à un tel cataclysme ? John, le héros du roman, réagit en scientifique. Il refuse de croire aux fausses promesses de solutions annoncées par les médias et les politiciens. Il préfère partir de la surface de la Terre. Ainsi, le spéléologue s’avance dans les entrailles de la planète. Sa longue marche à travers grottes et tunnels devient une épopée fascinante où les détours et les exploits le font pénétrer dans un univers étrangement humain. Miia, sa complice de survie, le guide vers sa destinée. Au fil de son périple, John découvre, comprend et explore ses outils dans une quête d’adaptation où les défis sont nombreux. 


Dans le second tome, La quête des profondeurs, notre héros explore la cité de Borale dont lui a tant parlé son amie Miia. Par contre, son bonheur est menacé par le saboteur Zaroc qui s'attaque à tous ceux qui refusent de se joindre à lui dans sa quête du mal. Pour sauver les habitants de Borale, John et ses amis entreprennent une quête qui les amènera à voyager jusqu'aux limites des royaumes sous terre et à frôler la mort de près.
Les peuples sous terres doivent apprendre à faire fi de leurs différences pour réunir leur force pour combattre Zaroc, le gardien du mal.



Quant à moi, j’ai adoré le style d’écriture plutôt direct de l'auteur, mais chargé de sens et d’émotion. Jimmy a une grande capacité à nous montrer l’essentiel de ce que nous sommes en tant qu’humains (personnes de la surface comme celles des entrailles de la Terre). S’il situe l’histoire de John et Miia en 2067 dans un paysage fantastique, Jimmy nous parle des conflits d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Il réussit admirablement à nous dévoiler la diversité des êtres et à utiliser les forces de chacun pour accomplir de grandes choses. 
La maison d’édition présente l’auteur ainsi :      « Un jeune auteur émergeant, né en 1979 dans la magnifique région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Alors qu’il se spécialise en hygiène industrielle, sa créativité et son imaginaire se nourrissent de récits fantastiques. Mais comment passer de lecteur à auteur ? Il a fallu des années de recherches et d’apprentissages à Jimmy Blackburn pour développer son premier roman, Borale, qu’il crée entouré d’une équipe reconnaissant son talent. » 

Son livre nous apporte une merveilleuse quête de sens où ses valeurs personnelles nous touchent : le respect de la nature, la science au service de la survie humaine, la dynamique des forces regroupées, les relations authentiques. 
Quand vous le rencontrerez dans les Salons du livre, faites-le parler sur sa passion d’écrire. Vous le verrez vibrer d’une grande intensité... si vous êtes chanceux, il vous dévoilera peut-être quelques bribes de son prochain livre... qui sait ?
Bonne lecture !


Plume/Suzie Pelletier

mardi 6 janvier 2015

Lecture - Nathalie d'Amours - À coeur battant


Chronique sur la lecture
Auteur : Nathalie D’amours 
Titre : À cœur battant
Genre : Contemporain 
Maison d’édition : La Semaine
Site web : http://www.editions-lasemaine.com

J’ai déjà écrit un billet qui présente la première série de Nathalie, « Le Royaume », dont le premier tome a été publié aux éditions de La Semaine et le deuxième chez Véritas Québec. Vous pouvez trouver ce texte déposé sur mon blogue à l’adresse web suivante : 


Pour ce nouveau bouquin, Nathalie change de registre d’écriture. Sa première série nous a fait voler au-dessus d’un univers imaginaire et fantastique; cette fois, l’auteure nous ramène dans le monde contemporain avec une histoire qui nous touche. Le roman qui contiendra deux tomes est publié sous le titre de « À cœur battant ». La distinction majeure entre les deux collections m’incite à créer un texte plutôt que d’ajouter les livres à l’ancien billet. 

Il s’agit de l’histoire d’Emily qui, à l’aube de la vingtaine, devient une grande artiste peintre au talent démesuré. Victime d’un grave accident, Emily met d’abord son énergie sur sa guérison, mais sa passion transcende toutes les difficultés auxquelles elle doit faire face. Entre autres, l’hypertension pulmonaire qui l’affecte la force à composer avec un système cardio-respiratoire faible et en déclin. La jeune femme tombe passionnément amoureuse de Chris, son aîné de dix ans. Si leur amour partagé prend du temps à s’installer en raison de la carrière d’acteur de Chris, Emily apprend à compter sur Chris qui l’aidera à réaliser ses rêves. Au fil des pages, l’artiste peintre expérimentera des moments magiques et d’autres seront empreints d’une profonde noirceur. Déchirée entre sa famille et ses aspirations, la maladie et une immense soif de vivre, Emily doit assumer son destin; pour connaître un amour que tous espèrent, mais qui menace de la plonger en enfer... à cœur battant.

Comme toujours, Nathalie démontre une excellente maîtrise de la langue française. Elle nous transporte ailleurs, d’abord dans le Midwest américain, puis à Los Angèles. Il y aura également l’Europe et l’Alaska. Également, elle nous fait vivre, par le truchement de ses personnages, une page de vie des célébrités de ce monde. Attachante, Emily nous émeut par sa sagesse et sa vivacité.  

Sur son site web (http://www.nathaliedamours.com), on apprend que Nathalie est née à St Boniface d’une mère enseignante et d’un père journaliste. Elle est toute petite quand elle plonge dans l’univers de la littérature. Très tôt, avant de dormir, elle a droit à la lecture d’un conte et elle s’émerveille facilement. Dès qu’elle est en mesure de lire par elle-même, elle dévore les livres. Jeune professeure, elle met très vite en place un projet d’écriture dans sa classe du primaire. Il n’y a donc rien d’étonnant que la rédaction d’un roman devienne incontournable pour elle. Ce désir profond se transforme rapidement en réalité et, dans ses moments libres (entre l’éducation de ses deux enfants, Viviane et Benjamin, la vie de famille ainsi que sa tâche d’enseignante), Nathalie réussit à faire vivre sa passion. « À cœur battant » est le troisième bouquin de cette écrivaine et il n’est certainement pas le dernier...

Dépêchez-vous de dévorer ce premier tome, car le prochain ne devrait pas tarder. Si vous ne l’avez pas encore, pourquoi ne pas l’ajouter à vos suggestions de cadeau de Noël ? 

Bonne lecture !


Plume/Suzie Pelletier