
Or, depuis une dizaine d’années, l’économie de Cuba se libéralise. Dans les rues de La Havane, on voit poindre des boutiques qui appartiennent à des particuliers plutôt qu’à l’état. Un Cubain peut maintenant ouvrir son échoppe sur la Prado pour vendre ses propres produits : des toiles, de la lingerie, des statuettes, de la céramique, des bijoux et, bien sûr, tout ce que l’on peut imaginer à l’effigie de Che Guevara, le héros national.
Les artistes s’installent avec leur grosse radio ou leur guitare et vous attirent avec de la musique cubaine, américaine ou africaine.
Si vous cherchez à acquérir une pièce d’artisanat de base, vous pouvez faire de bonnes trouvailles. Par contre, la visite de plusieurs boutiques ou de kiosques sur la rue vous fera comprendre que l’originalité n’est pas au rendez-vous. Tous les bijoux fabriqués à la main se ressemblent. Les statuettes de bois ou en céramique sont des clones d’un même modèle, que vous l’achetiez dans la vieille Havane, dans le quartier moderne... ou à Varadero... De toute évidence, on s’attend à ce que tous les touristes aient des goûts identiques...
Un jour, nous avons marché le kilomètre qui nous séparait de la Calle de Mercaderes et un immense hangar que les Havanais appellent la Feria San José.
Je cherchais des objets originaux, différents. Si j’ai été fort déçue de ne pas en trouver, j’ai été encore plus étonnée d’observer le comportement des artisans.

Les artistes assis en bordure de leur échoppe ne semblent même pas vous voir. Ils lisent ou ils discutent entre eux dans cet espagnol cubain difficile à saisir. Cependant, ne faites aucun faux pas qui pourrait laisser croire que vous voulez vous arrêter dans une boutique. Ne pointez pas un objet du doigt non plus. Non seulement le responsable du kiosque deviendra fort animé, mais le geste attirera également sa compétition... le ton monte rapidement et le débit des conversations s’accélère. Seule l’arrivée d’un policier alerté par l’enthousiasme un peu trop soudain vous permettra de vous éloigner de cette allée en catimini... pour ne plus y revenir...
N’essayez même pas de déterminer, sur votre propre inspection, si le liquide doré d’une bouteille est véritablement du rhum ou si ce magnifique cigare odorant que vous vous apprêtez à vous procurer est vraiment fabriqué avec des feuilles de tabac. Il vaut mieux acheter ces produits dans les magasins du gouvernement.
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