En
préparation pour notre voyage, j’avais remarqué que le secteur de Montparnasse
en périphérie de la région dite « parisienne », que nous allions habiter pour une
semaine, était reconnu pour la grande présence de « Roms ». Ce terme
utilisé par l’Union Romani internationale (URI) depuis 1971 désigne un ensemble
de populations d’origine indienne. Par contre, cette dénomination à Paris représente
tous ces gitans qui arrivent régulièrement de la Roumanie. En France, « Rom » devient
synonyme de « vol » « arnaque » et surtout « pickpocket ».
Pour apprendre
un peu plus sur ce phénomène.
Combien de fois, dans un métro quelconque de Paris,
avons-nous attendu ces phrases crachées du système de communication :
« Attention ! Des pickpockets ont été aperçus sur la ligne 12 »
ou la ligne 13, ou la 1. Peu importe. Nous avions à peine saisi toute
l’ampleur de ce problème.
Un après-midi que nous marchions sur le boulevard de
Médicis, nous avons pu constater comment les Parisiens se défendent contre ce
qu’il considère un fléau. Nous déambulions lentement quand nous avons entendu
une femme crier vivement « Arrêtez tout de suite ! Laisser ce
vieillard tranquille ! Oust ! Police ! » Nous avons
aussitôt stoppé notre balade pour observer ce qui se passait, même si la scène
se trouvait de l’autre côté de l’avenue. Un vieillard d’environ 80 ans se
tenait penché vers un guichet automatique avec accès sur la rue, de toute
évidence pour prendre de l’argent. Un groupe de trois jeunes filles l’entouraient.
Venant d’entendre le cri de la dame qui s’approchait à bon pas pour secourir
l’homme âgé qui semblait subir les assauts de Roms, ces dernières tentaient de
s’échapper en se parlant dans leur langue gutturale. Quatre autres personnes
arrivent aussitôt à la course et, travaillant de concert, forcent les voleuses
à s’accroupir le long d’un mur. Éberlués, nous nous retrouvions au milieu d’une
arrestation civique. Moins d’une minute plus tard, deux policiers en civil,
reconnaissables par leur plaque bien en évidence, assistent les citoyens et se chargent
des jeunes contrevenantes.
Si Nicolas Sarkozy n’a pas pu se débarrasser d’eux
complètement, même en les renvoyant cavalièrement chez eux en Roumanie, les
Parisiens ont choisi de réagir aussitôt qu’une situation se présente. C’était
beau à voir.
Restés songeurs à la suite de l’incident, nous prenions
beaucoup de précautions lors de nos déplacements pour protéger nos papiers les
plus précieux. Pourtant, le 18 mars, nous aurions pu être les victimes d’un tel
vol. Voyageant dans le métro avec une valise remplie de livres, nous peinions à
embarquer et débarquer des wagons. Bien que je l’avais insérée à l’intérieur de
mon imperméable ample, mon sac à main ballotait au gré de mes mouvements. Trop
occupés par notre gros bagage, nous avions perdu de vue ce qui nous entourait.
Nous devenions des proies faciles.
Soulagée d’avoir enfin placé la valise dans la dernière
rame de métro qu’il nous fallait emprunter, je me tenais debout, me retenant
d’une main au précieux bagage et de l’autre à la barre de soutien juste à côté de la
porte. D’un coup d’œil, je note mon imperméable bien zippé, ma sacoche collée
sur ma hanche sans danger à l’intérieur. Du moins, je pensais…
Quand le train est parti très doucement, quelqu’un m’a
passé le bras sous le nez pour accrocher une main au-dessus de la mienne,
créant aussitôt un réflexe de défense qui m’a fait reculer d’un pas. Rien dans
l’ambiance n’expliquait qu’une jeune fille solide perde ainsi pied. J’ai automatiquement
compris qu’il s’agissait d’une manœuvre d’arnaque. Au cours de ces quelques
secondes, elle avait ouvert mon manteau ainsi que ma sacoche et elle m’avait
« emprunté » mon portefeuille. J’ai vu rouge. Agrippant la voleuse à
la gorge et saisissant son fourre-tout de l’autre main, je lui ai hurlé de me
remettre mon bien. Elle s’est figée, me fixant avec d’énormes yeux. Mon
accent ? Quelques sacres qui s’échappaient violemment de ma bouche en colère ? Ma
réaction inattendue pour une femme de mon âge ? Je ne sais pas, mais j’ai
poursuivi mon geste, frappant vivement la jeune fille sur le poteau central du wagon
pour lui faire comprendre qu’elle ne pouvait s’en sortir autrement qu’en me
rendant mes affaires. « Donne-moi mon portefeuille tout de suite !
Immédiatement ! Envoyeille ! » Une conversation en roumain se
déroulait rapidement autour de nous. Deux autres femmes accompagnaient ma
voleuse; l’une était assise à ma gauche, l’autre à ma droite.
Je ressentais vivement la furie qui s’échappait par mes
oreilles. Mon visage s’empourprait. Puis, j’ai vu les gens dans le métro
bouger. Plusieurs gars se sont installés dans les allées du wagon pour éviter
toute fuite et deux Parisiennes se sont placées derrière moi pour bloquer la
porte. J’ai senti les traits de ma face devenir machiavéliques. Je savais que
mes yeux crachaient le feu. « Mon portefeuille ! Tout de
suite ! » répétais-je du ton convaincu de celle qui comprend avoir
gagné la partie. Un objet glisse sur mon bras et je vois mon outil précieux
tomber par terre. Aussitôt, plusieurs personnes me suggèrent de vérifier si
j’ai toutes mes affaires avant qu’on libère les chercheuses de trouble.
Quand
la rame arrive à la station suivante et que les voleuses quittent les lieux en
s’intégrant à la foule, je remarque que la scène au complet n’a duré que 3
minutes, peut-être 4. J’avais mal partout, comme si je venais de livrer un
combat de boxe qui se serait poursuivi sur plus de deux heures.
On
répète souvent, et on se fait dire régulièrement de protéger nos passeports,
nos papiers, nos cartes et notre argent quand on voyage. Pourtant, il semble
que les pickpockets développent rapidement des méthodes judicieuses afin de procéder
à leurs duperies. Ce jour-là j’étais satisfaite d’avoir reçu le support des
Parisiens. Par contre, l’arnaque habile nous appartenait en partie. Tenant
compte du gros bagage, nous aurions dû choisir un taxi pour nous rendre au
Salon du livre en toute sécurité.
De
plus, je ne trouve aucun contentement face à ma façon de récupérer mon bien,
malgré sa réussite fort improbable d’ailleurs. Si l’une des jeunes filles avait
eu un couteau et s’en était servi, je ne serais peut-être pas là pour vous
raconter cette aventure. Non, il vaut mieux prendre des précautions. Cette fois,
le taxi aurait été un moyen de transport plus approprié.
On doit
toujours se souvenir que, lorsque nous voyageons, nous nous retrouvons en
territoire inconnu, même si nous avons visité l’endroit à plusieurs reprises.
Nous demeurons des étrangers et il faut rester à l’affut des situations qui
pourraient être dangereuses. Voici un site web qui nous aide à bien préparer une
expédition et devenir plus alertes. Cette réflexion nous fait éviter de se
placer à risque.
Bon
voyage ! Rester sécuritaire ! Prenez vos précautions !
Suzie Pelletier
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