* * * autres textes sur l'écriture * * *
Écrire est une activité que l’on fait généralement seul. Du moins, c’est mon cas. Je peux m’accrocher de nombreuses heures à mon clavier, les yeux rivés sur l’écran alors que mes idées se bousculent dans ma tête. Une seule manière d’y faire de l’ordre : transformer ce tourbillon de mots en phrases puis en livre ou nouvelle. Je rédige d’abord pour moi, pour transformer un certain fouillis d’émotions en une trame romanesque qui un jour, deviendra partageable avec les autres. J’aime cette solitude qui me permet de vivre intensément dans mon univers créatif.

Puis, il y a tous ces efforts qui sont nécessaires pour transformer ces écrits en livres, pour les autres. Si je ferme les yeux, je compte tous ces refus d’édition, toutes ces heures de révisions, de corrections, de discussions et de décisions parfois difficiles. Puis le roman cesse d’appartenir à l’auteur. Comme un papillon qu’on a coucouné de longs mois, voire des années, le récit prend son envol dans l’univers du livre pour devenir la propriété des lecteurs. J’apprécie énormément quand je peux discuter avec des fans qui viennent me rencontrer dans les Salons du livre. Parfois, on me laisse une note sur Facebook (Suzie Pelletier auteure), par mon site web, mon comte Wattpad.com ou ce blogue. J’apprécie chacun de ces contacts qui me permettent de sortir de mon isolement d’écrivain et de me ressourcer.
Parfois, les circonstances m’apportent des signes presque astraux. Comme si la vie voulait me donner un coup de pouce. Pour comprendre que ce que j’accomplis par une vie de reclus rend aussi d’autres personnes heureuses. Ça m’est arrivé il y a quelques jours. Une grande joie ! Un vrai bonheur !
La scène se passe dans une salle d’attente pas loin de chez moi... J’étais en train de lire, comme d’habitude, en attendant que mon rendez-vous arrive. D’une oreille distraite, j’entends la conversation d’un couple qui, assis à côté de moi, planifie leurs prochains jours de vacances.
— Nous ne pourrons aller à la plage, affirme la femme, il pleuvra ce jour-là. Tu sais ? On annonce de gros orages, des orages comme au Pays de la Terre perdue.
— Ah bon ! réplique l’homme, comme si l’image énoncée lui donnait une référence crédible.
Je reste fort éberluée d’entendre une personne bien vivante répéter une phrase que Nadine, le personnage que j’ai créé, utilise si souvent dans mes romans. Je lève la tête de mon livre pour m’adresser à eux.
— Hé ! Quelle belle expression vous avez là !
Aussitôt, la femme me regarde avec des yeux lumineux.
— Mais ! Vous ne connaissez pas les livres du Pays de la Terre perdue ?
La dame se lève et fait quelques pas ; elle attrape un livret à l’effigie du premier livre de la série et qui contient le chapitre 1.
— Tenez ! Lisez ça ! C’est le chapitre 1 de la série ! Vous ne pourrez pas résister. Je vous le jure ! Je les ai tous commandés chez Chapters ! C’est facile !
Avec le cœur en chamade, j’arrivais à peine à ne pas pleurer de joie. J’ai pris lentement l’un des exemplaires que je venais tout juste de déposer sur la table et qu’elle me remettait avec autant d’enthousiasme. Je l’ai tourné pour mettre l’endos près de mon visage et j’ai attendu que l’information s’enregistre sur le visage de la dame. Elle a crié si fort que je crois qu’on l’a entendu jusqu’en Ontario... Puis elle s’exclame d’une voix tremblotante.
— Vous êtes l’auteure ! Wow ! Wow ! Wow ! Le tome VI ? Il sort quand ?
Nous avons rempli notre temps d’attente en discutant de cette série qui raconte les aventures de Nadine. Je sens dans le ton de voix qu’un certain ressentiment s’installe.
— Pourquoi ne continuez-vous pas ? Pourquoi vous arrêtez-vous la série après six tomes ?
J’ai envie de lui répondre que l’histoire se termine avec le tome VI, que de continuer me forcerait à reporter d’autres beaux projets d’écriture qui prennent déjà forme dans ma tête et dans mon ordinateur. Je suis émue par les yeux tristes de la dame. Son conjoint en rajoute.
— Elle va tellement s’ennuyer de Nadine, vous savez !
Je note, dans le ton utilisé, que lui aussi allait s’ennuyer de ce personnage fort lumineux. Je ne peux pas leur dire... mais je travaille sur un projet qui pourrait permettre à mes fans de quitter moins brusquement ce monde merveilleux du Pays de la Terre perdue...
D’abord, il y aura la sortie du tome VI (Emmanuel) qui sortira dans quelques semaines pour rentrer en librairie pour le 1er octobre 2015. Puis il y aura des Salons du livre à l’automne 2015 et au printemps 2016.
Puis... il y aura une surprise... 2017 peut-être...
Suzie Pelletier
merci d'encourager l'édition indépendante