Se taire face à détérioration de notre merveilleux univers du livre au Québec ne fait que laisser perdurer un système déficient. Même, ce serait approuver la «cancrité» qui le gangrène. J’en suis incapable. J’ai donc décidé d’utiliser mes talents d’écriture pour parler. Ce blogue me permet de prendre la parole.
Certains de la vieille garde littéraire (auteurs, éditeurs, libraires, journalistes et plusieurs autres) refusent de comprendre que l’industrie du livre du Québec doit se moderniser. L’expression « Vieille garde » n’est pas une question d’âge, mais elle se réfère plutôt à des gens qui n’avancent plus, qui n’évoluent plus : des dinosaures, quoi. Appuyés par une loi déficiente, la loi 51 de 1981, ils servent à encrasser le système, à le nécroser. D’autres abusent impunément, profitant de l’absence de vérifications efficaces et de moyens de pénaliser les délinquants. Toujours, les auteurs sont ceux qui subissent les affre de cette médiocrité.
En ce qui me concerne, me taire n’est pas une option. J’aurais l’impression d’approuver leurs agissements. Pour changer les choses, il faut parler. C’est ce que j’ai décidé de faire. J’espère que je ne serai pas la seule écrivaine à faire état d’un système qui ne donne aucune place à l’auteur et abuse d’eux sans vergogne.
Au Québec, la Loi sur le développement des entreprises québécoises dans le domaine du livre (Loi 51) encadre l’industrie québécoise du livre depuis 1981. Ça fait donc 35 ans que l’auteur est exclu de la loi, donc du processus. Pourquoi s’étonner qu’on le traite comme une entité négligeable ? J’ai fouillé la Loi pour trouver des mentions des mots « auteur » et « écrivains ». C’est minable. Au paragraphe 6, il est écrit que le ministère a consulté des « associations et organismes représentatifs des milieux des auteurs… » Quelle dilution ! Notez qu’on parle six fois « d’éditeur », 12 fois de « libraire » et quatre fois de « distributeur ». C’est pathétique.
L’auteur n’a pas la place qui lui revient dans la Loi. Pourtant, faudra-t-il le répéter sous tous les toits du monde : SANS CRÉATEUR, IL N’Y A PAS DE LIVRE !
L’Institut national de recherche scientifique (INRS) a mis des mois pour faire une évaluation de la Loi 51. Parle-t-on de l’écrivain dans les 245 pages de ce rapport ? Bien sûr. Dans le chapitre 2, partie 5, les chercheurs présentent l’écrivain comme l’un des acteurs de l’écosystème du livre. Bravo ! La synthèse de ce chapitre mentionne que « les écrivains se sentent globalement lésés d’être absent de la Loi. » Les recommandations à la page 154 comprennent 10 éléments. Un seul commentaire, plutôt tiède d’ailleurs, parle des auteurs : « Envisager des moyens de mieux intégrer les auteurs dans la Loi du livre.» Pas d’obligation. Peut-être qu’on en tiendra compte de cette note… ou pas. Deux pages sur 245 discutent mollement de la situation des auteurs. Je ne suis pas impressionnée !
Avec un rapport de même, on ne va nulle part ! Pathétique !
Il y a quelques semaines, j’ai été estomaquée d’apprendre que le ministère de la Culture et des Communications avait engagé monsieur Denis Vaugeois pour réfléchir aux modifications possibles et souhaitables de cette Loi. « Ben Voyons ! », je me suis dit. N’est-ce pas lui le père de cette Loi 51 si déficiente ?
Depuis, je lui écris par l’entremise de mon statut de blogueuse du Huffington Post Québec. Voici les liens pour les textes :
Lettre ouverte à Denis Vaugeois : la place de l’auteur dans l’industrie du livre
Lettre ouverte à Denis Vaugeois : l’industrie se modernise
Lettre ouverte à Denis Vaugeois : exemple d’un abus
Au cas où vous ne les auriez pas lus encore, voici trois autres textes que vous pourriez apprécier sur le même thème.
Aidons nos libraires à mieux nous servir
Plus on lit, plus on aime ! Plus on aime, plus on lit !
Incohérence dans l’univers du livre au Québec
Je vous invite également à consulter la Loi 51 ainsi que le rapport de l’INRS.
Loi sur le développement des entreprises québécoises dans le domaine du livre.
Évaluation de la Loi sur le développement des entreprises québécoises dans le domaine du livre et étude d’impact du marché du livre numérique.
D’ici à ce que ça change, gardez le sourire et écrivez selon votre cœur.
Suzie Pelletier
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