Note 1 : le masculin est utilisé pour faciliter la lecture du texte.
Note 2 : mes réflexions se limitent l’écriture de la fiction.
Le présent
billet fait partie d'une suite de six réflexions qui s'intitule « Quand l'idée s'envole vers le lecteur».
À quoi doit-on s’attendre
quand on part à la recherche d’un éditeur ? Le milieu du livre est en soi une
industrie qui débouche sur le commerce. Son inclusion dans le domaine des
arts lui confère certainement une particularité intéressante. Il ne s’agit donc
pas uniquement de « vendre un produit », mais plutôt de véhiculer des idées et
des réflexions ainsi qu’influencer la manière de penser. L’écrivain écrit par
besoin, parce qu’il a quelque chose à exprimer. Un bon éditeur reste sensible à
cette dimension de son rôle auprès de l’auteur et de la société.
Note : Pour contredire
certains crétins de l’industrie, on ne vend pas des livres comme on vend des
chaussures… pour l’un, le client cherche le confort physique, pour l’autre, il s’attend
à une nourriture intellectuelle.
Il y a d’excellentes maisons
d’édition. D’autres offrent des processus de différentes qualités qu’on peut
nommer bonnes, moyennes, faibles ou carrément pourries. Il vaut mieux
s’informer avant de signer un contrat, surtout si vos droits d’auteur sont en
jeu.
Les modes de
fonctionnement des éditeurs varient beaucoup. Les lignes éditoriales, le choix des genres,
les valeurs, le code d’éthique ainsi que la manière de procéder diffèrent d’une
entreprise à l’autre. Chacun cherche sa niche qui l’aidera à rentabiliser ses
affaires. L’auteur se comporte en partenaire, négocie l’entente, s’implique durant
le processus d’édition et s’investit dans la phase de marketing.
Revenons à l’édition
proprement dite. Une image vaut mille mots. Le processus d’édition ressemble à
la transformation d’une belle chenille colorée au goût de l’auteur en un magnifique
papillon capable de prendre son envol et de captiver des milliers de personnes
par leur éclat et leur originalité.
Le processus d’édition
conventionnel (commun à l’édition indépendante et celle qui est agréée)
comprend, entre autres, les activités suivantes :
Évaluation du manuscrit soumis par l’auteur. La
lecture d’une dizaine de pages permet de vérifier si l’éditeur a un intérêt
pour l’histoire racontée. Il vérifie le sujet choisi, la manière de le traiter,
la fluidité du récit, le style, etc. Il compare le texte avec les lignes
éditoriales de l’entreprise. Plusieurs éditeurs procèdent à cette étape par le biais de comités d’évaluations.
Note : Les maisons d’édition bien établies reçoivent des
milliers de nouveaux manuscrits chaque année. Elles n’en éditeront que
quelques-uns. L’auteur a donc avantage à fournir un texte plusieurs fois
retravaillé qui correspond aux lignes éditoriales de la maison.
La première révision (d’édition).
Une fois le manuscrit accepté, l’éditeur le révisera complètement. Son rôle
vise à coacher l’écrivain pour améliorer le récit tant pour la justesse du
vocabulaire que pour le déroulement de l’intrigue. Il aide à resserrer le texte, réduire
les longueurs inutiles et il s’assure que l’information nécessaire est
présente. Certaines maisons engagent des agents de révision pour faire ce
travail.
Note : Cette étape est parfois pénible pour l’auteur, surtout la
première fois. Il a l’impression qu’on change ses idées. Pourtant, le processus
vise l’amélioration de la présentation de l’idée, pour l’amener à la perspective
du lecteur. En autres mots, la transformation en papillon n’ira pas au-delà du
code génétique de la chenille tel que créé par l’auteur.
La correction. Le
manuscrit fait l’objet d’une première vérification externe par un correcteur
professionnel. L’auteur relit si souvent son texte qu’il finit par ne plus décoder les erreurs. La correction fait ressortir toutes les coquilles
qu’on ne voit plus. En bonus, le correcteur peut offrir des pistes
intéressantes pour améliorer le texte. (Voir note 2 ci-après)
L’infographie : Cette
étape est cruciale pour la mise en marché du livre. Dans le monde
d’aujourd’hui, l’image est aussi importante que la qualité du
produit. Le graphiste procède à la mise
en page en format PDF, à la construction de la C-1, de la C-4 et du signet.
C’est aussi lui qui transmet les informations à l’imprimeur. (Voir note 2
ci-après)
La correction d’épreuves :
Cette étape s’insère entre l’infographie et l’impression du livre. Ce
professionnel externe a une grande connaissance des règles de français et,
également, des règles qui s’appliquent à l’édition du livre. Cette correction
en mode PDF est nécessaire pour assurer la qualité du livre. (Voir note 2 ci-après)
L’impression : Le choix
de l’imprimeur est très important. Les prix varient beaucoup selon les critères
demandés : le type de papier, la quantité d’exemplaires, la vitesse de
production, la date de livraison, etc. La réputation de l’imprimeur demeure un autre
point à vérifier.
Note 1 : l’auteur et l’éditeur sont parfois une seule et même
personne. L’importance des étapes décrites reste la même.
Note 2 : Dans certaines
maisons d’édition bien établies, les professionnels sont des employés. Ils ne
viennent pas de l’externe. Dans ce cas, il faut s’assurer que leur regard soit
neuf.
Une fois ce travail
accompli, l’éditeur établira le plan marketing
et choisira les méthodes de diffusion
et de distribution. Ces phases sont décrites
dans mon blogue précédent : les intervenants.
La fin d’un livre. Pour certaines raisons, un éditeur
peut décider de ne pas poursuivre la commercialisation d’un livre. Dans ce cas,
on détruira l’inventaire par pilonnage. Les raisons menant à une telle décision
varient d’une situation à l’autre. En voici quelques-unes :
· Le
succès prévu pour un livre ne s’est pas réalisé ;
· Le
temps trop long de mise en marché ;
· Le
livre n’attire plus de lecteurs ;
· La
maison d’édition ferme ses portes ;
· La
résiliation du contrat avec l’auteur ;
· Autres.
Note : En
établissant son contrat, l’auteur doit s’assurer qu’il sera consulté avant que cette
décision soit prise. Le contrat doit aussi prévoir que l’auteur retrouve ses
droits sans restriction et qu’il peut acheter le reste des livres au prix
coutant.
Quand l’auteur choisit de
partager son œuvre, l’édition de son livre est aussi importante que l’écriture.
Un processus d’édition de qualité fait la différence entre faire carrière comme
écrivain et rester pris avec des caisses de livres. Beaucoup sont restés fort
insatisfaits en prenant la première offre. Pourtant, avec les centaines
d’éditeurs au Québec seulement, rien ne laisse croire que l’auteur recevra une seule offre.
Ma prochaine publication traitera d’ailleurs de cet
aspect si important de partager son œuvre : comment choisit-on un éditeur ?
Je vous souhaite de belles heures d’écriture !
Suzie Pelletier