jeudi 27 novembre 2014

Écriture — est-ce que mon livre plait ?



C’est une question que tous les auteurs se posent. Si on pond un roman surtout pour répondre à un besoin viscéral très personnel, l’édition de notre histoire l’amène dans les mains des lecteurs. Par contre, il est parfois difficile de savoir si notre style est apprécié. Pourtant, cette facette de la vie d’écrivain est beaucoup plus importante que le nombre d’exemplaires qui circulent. La rédaction et la publication prennent du temps et, surtout, beaucoup d’énergie et de persévérance. 

Bien sûr, il y a les ventes elles-mêmes qui nous donnent une indication, mais ce ne sont que des chiffres. Si on achète mon roman, ça ne me dit pas si les lecteurs l’adoptent. Quand je me présente en librairie, on connaît le produit et on me reçoit dans la bonne humeur et avec un large sourire. OK ! C’est intéressant en soit...

J’obtiens les appréciations au compte-goutte. Rien ne me fait plus plaisir que la demande expresse : « À quelle date le prochain sera-t-il en librairie ? J’ai tellement hâte ! » Je comprends que certaines personnes attendent la sortie du dernier avant de plonger dans le récit et je respecte cette décision qui leur permettra de lire l’histoire d’un seul coup. Je patienterai pour savoir. Je reçois aussi de beaux messages via Facebook et mon blogue. Ça me fait tellement plaisir... ça nourrit mon âme...

Cette année, la deuxième de mon aventure dans le monde littéraire, j’ai obtenu d’autres commentaires... qui me rendent euphorique. Mes romans se trouvent dans presque toutes les bibliothèques du Québec et il n’est jamais sur le rayon... Wow ! Durant le Salon du livre de Sherbrooke, je me suis présentée au comptoir des bibliothèques de la ville pour demander si on connaissait la série « Le Pays de la Terre perdue ». La réponse est venue avant que je termine ma phrase... je n’ai même pas eu le temps de m’identifier...

— Bien sûr que nous l’avons ! 

Quelques clics sur le clavier et je vois apparaître l’image du tome I, Le réveil, avec une longue liste de noms. La personne m’informe d'un air soucieux. 

— Par contre, pour l’obtenir, il faudra mettre votre nom sur la liste d’attente. 

Une liste d’attente ! Je jubile. Je m’approche de l’écran. 

— Hum... comment faites-vous pour savoir qui a lu chacun des tomes ? 

On me regarde d’un drôle d’air.

— Cette page ne montre que le tome I ! Voyez, c’est la même chose pour les autres. La sortie du bouquin n’arrête pas ! Cette liste n’a été constituée qu’à partir d’avril 2014. C’était pareil l’an passé ! Peut-être devriez-vous l’acheter si vous voulez l’avoir tout de suite. 

Mon cœur s’emballe et j’ai l’impression de flotter à quelques pouces du sol. C’est certain que, dans une bibliothèque, les gens ne sont pas obligés de lire mes livres... Le fait qu’ils le fassent, quitte à patienter quelques mois, est une belle indication de la réaction positive, collective même, à l’histoire racontée. La gentille dame place la page du tome IV sur l’écran. Je vois une dizaine de noms écrits en rouge. 

— Pourquoi ces noms sont-ils en couleur ? 

— C’est la liste d’attente. Le livre arrivera au cours des prochains jours.

Je suis retournée à ma séance de dédicaces avec un large sourire, une sorte de ressort dans les jambes et le corps rempli d’énergie. « On aime mon livre... c’est sûr... »  Mon histoire est performante ! Ça fait tellement plaisir ! Merci à tous. 

Puis, il y a eu cette petite bibliothèque d’un village des environs dont la gestionnaire est venue acheter le tome IV « parce que ses membres l’attendent impatiemment ». À Montréal, une autre bibliothécaire a affirmé ne pas avoir lu mes bouquins parce qu’ils ne sont jamais sur le rayon. On me parle d’originalité de l’histoire, de l’engouement pour mon héroïne, de la qualité de l’écriture, de la belle philosophie que contient le roman, la quête de sens. Wow ! Merveilleux ! 


Mes livres plaisent !  C'est sûr ! Cette réalisation me donne du vent dans les voiles. Je vogue allègrement sur cette mer ouverte, l’univers étrange du milieu littéraire. Le résultat de cette deuxième année qui s’achève renouvelle mon souffle qui me fera continuer de vivre dans mon monde créatif. Longtemps. Il y a d’ailleurs cette idée qui fait son chemin dans ma tête : une nouvelle aventure qui se déroulera en dehors de la série « Le Pays de la Terre perdue ». Mais d’abord, il me reste à publier les tomes V et VI de la collection. 2015 sera aussi bien remplie.

Pour suivre mes aventures dans le monde littéraire, je vous suggère de vous abonner, en cliquant j'aime,  à ma page professionnelle Facebook : 

Suzie Pelletier Auteure

Vous ne connaissez pas encore les aventures de Nadine au Pays de la Terre perdue ? Plonger ! Procurez-vous le premier tome et vous serez conquis ! La collection est disponible en version imprimée et numérique dans les librairies et les bibliothèques. Pour plus d'information sur la série, visiter mon site web : 

http://suziepelletier.ca

Vous n'êtes pas certain ? Alors télécharger gratuitement le chapitre 1 du tome 1... vous verrez bien ! 

télécharger gratuitement le chapitre 1 (voir le deuxième item) 

Entretemps, n’hésitez pas à vous arrêter aux séances de dédicace des auteurs dont vous avez aimé les textes, même si vous n’achetez pas cette fois-là. Demandez une photo avec vos écrivains préférés. De voir les yeux brillants de nos lecteurs constitue une excellente rétroaction. Plusieurs rendent disponibles leurs adresses courriel. Envoyez-leur vos commentaires; ils seront appréciés. La plupart d’entre nous prendront le temps de vous répondre.

Merci beaucoup à tous mes lecteurs !

Plume/Suzie Pelletier

mercredi 26 novembre 2014

Écriture - Que fait-on avec le doute ?


Question d’une lectrice : N’avez-vous aucun doute ? 

Cette publication s’inscrit dans une suite de textes qui me permet de discuter de diverses questions qui me sont posées régulièrement lors de rencontre avec les lecteurs. Pour plus d’information sur cette série, vous pouvez consulter mon billet « mes aventures dans le monde littéraire » sur mon blogue.

Je suis restée tellement surprise quand j'ai reçu le commentaire. Cette cliente m’avait précisé qu’elle voyait Nadine (mon héroïne) comme une femme forte, vive d'esprit et qu’elle appréciait le fait qu’elle ne vivait jamais dans le doute. Déjà, j’étais estomaquée. Pour moi, le personnage principal de la série « Le Pays de la Terre perdue » est toujours rempli d’incertitudes. C’est d’ailleurs ce qui lui permet de ne pas sauter tête baissée dans toutes sortes d’aventures; ses questionnements l’obligent à analyser, faire des plans et prendre des décisions déchirantes. Or, ma lectrice n’en avait pas fini : « Vous, là, pour écrire autant de livres, c’est sûr que vous n’avez pas de doutes. »

Je me souviens avoir dévié la question pour éviter d’y répondre directement. Pendant que j’écoutais attentivement ses explications sur la lecture de mon roman, mon subconscient s’accrochait au débat. J’ai toujours été remplie de doutes. Depuis que je suis capable de penser. Juste avant que cette cliente arrive, je réfléchissais à ce tome V que je m'apprêtait à déposer et les interrogations s’enflammaient dans ma tête. Est-ce que mon éditrice acceptera de le publier ? Ai-je tout fait pour le rendre au meilleur de mes compétences ? Le public l’aimera-t-il ? Est-ce que j’hésiterais à créer un nouveau roman ? 

Bien sûr, au fil du temps, la vie m’a bousculée de tout bord tout côté et je me suis servie de toutes ces peurs pour mieux avancer. Il n'y a rien d'étonnant à ce que Nadine fasse pareil. Un doute devient une question. Une question se transforme un sujet de recherche. Une recherche donne l’information qui aide à la décision. La décision permet de grandir. J’applique ce principe à me nouvelle carrière d’écrivain. C’est probablement pourquoi j’ai l’air si sûr de moi. Une fois la décision prise, je plonge dans l’action. Pour que le rêve devienne réalité...

Quand je crée, la présence du doute dans mon plan de travail est fondamentale pour assurer la qualité de l’ouvrage. Il y a un choix de mot, une idée à confirmer dans le texte, une date à vérifier, un évènement à bien placer dans le temps. Ce sont tous des éléments que je révise 10 fois plutôt qu’une au cours de la rédaction d’un récit et qui rendent mes romans vraisemblables, riches, vivants et enlevants (termes utilisés par divers critiques et journalistes). 

Par contre, je refuse de limiter ma création littéraire et sa promotion sur de simples doutes. Entre autres, je me souviens d’avoir reculé face à l’écriture de mon livre quand j’en ai réalisé l’ampleur. Je l’ai même caché dans le fond d’un tiroir pour ne pas l’avoir sous les yeux. Si j’avais continué de me dire que la composition d’un roman n’était pas pour moi, la collection n’aurait jamais vu le jour. Étant ce que je suis, cette incertitude s’est convertie en rêve et j’ai mis mon cœur, mon âme et mon énergie à le transformer en réalité. 

Je rencontre souvent des gens qui m’affirment vouloir écrire; le récit de leur vie, une histoire ou un essai. Quand je remarque leurs yeux hagards qui me crient « j’aimerais, mais je sais que je n’y arriverai pas... », je saisis qu’ils se complaisent dans le doute; parce que ça fait peur de plonger et de peut-être se casser la gueule. Puis, il y a tout ce travail qui rebute plusieurs d’entre eux. J’ai beau leur dire qu’il faut mettre toute l’énergie nécessaire pour réaliser nos rêves, je comprends qu’ils préfèrent se cacher derrière l’indécision. 

Pour moi, l’absence de questionnements est synonyme de mort intellectuelle. Les êtres imbus d’eux-mêmes, ceux qui n’ont pas de doutes sur leur compétence, n’avancent plus dans la vie. Ils stagnent. Je refuse de m’y laisser prendre. Je crois aussi que l’auteure en moi acquière de la maturité tous les jours. Je travaille fort pour poursuivre mon cheminement, devenir meilleure, apporter mes écrits toujours plus loin. 

Ce que cette lectrice a vu en moi c’est mon assurance personnelle. Ça arrive après le doute, la question, la recherche et la décision, quand on sait hors de tout doute que l’expérience qu’on s’apprête à vivre sera enrichissante; parce qu’on est prêt à y mettre son énergie. 

L’incertitude est saine et elle permet l’apprentissage dont j’ai tant besoin pour continuer de grandir. Mon esprit et mon cœur s’en nourrissent constamment. 

Plume/Suzie Pelletier



vendredi 21 novembre 2014

Écriture - de combien de versions a-t-on besoin pour écrire un roman ?


Question d’une jeune lectrice : De combien de versions différentes a-t-on besoin pour écrire un livre ? 

Cette publication s’inscrit dans une suite de textes qui me permet de discuter de diverses questions qui me sont posées régulièrement lors de rencontre avec les lecteurs. Pour plus d’information sur cette série, vous pouvez consulter mon billet « mes aventures dans le monde littéraire » sur mon blogue.

Je suis toujours surprise de recevoir des interrogations aussi pointues. Dans ces cas-là, ma réponse ressemble souvent à ceci : « Ça dépend... » Dans les faits, je fais autant d’itérations que j’ai besoin pour être satisfaite de l’œuvre. Dans le cadre de mes premiers romans « Le Pays de la Terre perdue », j’ai d’abord retravaillé le récit à huit reprises, laissant l’histoire dormir quelques mois entre chaque revue. À titre d’exemple, la version sept m’a fait concevoir des « bulles » représentant la vie de Nadine avant son arrivée au Pays de la Terre perdue. C’était pour mieux donner de la profondeur au personnage central. Puis il y a eu le coaching en écriture pour apprendre les techniques dont j’avais besoin pour amener la création littéraire là où je l’avais imaginée. Ainsi, avec l’expérience, la neuvième itération des tomes est apparue et la saveur du texte s’est améliorée. 

Ce n’est pourtant pas si simple... Chacune des versions est produite en trois phases. Pour la phase 1, je fais d’abord une révision en règle qui me permet de faire les ajouts pour améliorer l'histoire; la phase 2  comprend une revue de « correction » en utilisant Antidote; la phase 3  est, en fait, une dernière relecture. Tout ceci peut paraître très long. Je me demande d’ailleurs si cette méthode demeurera la mienne pour le reste de mes romans... Prendrai-je de la rapidité avec l’expérience ? Une plus grande maturité, en tant qu’auteure, m’aidera-t-elle à diminuer le nombre de versions ? Je n’en suis pas certaine. J’ai besoin de ce processus créatif pour atteindre le niveau d’écriture que je veux obtenir, pour rendre le récit vraisemblable, vivant et enlevant. Étant ce que je suis, je cherche seulement à pousser mon art plus loin, pour mieux rédiger et inventer, plutôt que de tenter de créer plus vite en réduisant la quantité d’itérations.  

Certains voient dans ces nombreuses revues un retour continuel sur le travail inachevé. Pour moi, le passage d’une version à l’autre se développe dans mon monde imaginaire. Je me sens comme un peintre qui commence un tableau presque monochrome puis ajoute des détails et des couleurs pour obtenir la beauté et l’excellence qui flottait dans sa tête, avant même de diriger le premier coup de pinceau... Ça prend du temps, de la patience, de la minutie. Mais ça vaut tellement la peine qu’on se donne. 

Au fil de tous ces mois, quand je suis prisonnière de mon cerveau en ébullition, je me laisse surprendre parfois; comme l’effet de lumière qui influence le travail du dessinateur, la narration apporte une tournure inattendue. Un jour que je voulais écrire une publication sur mon blogue, j’ai été captivée par le jeu de l’intrigue et du personnage; l’opinion est devenue une histoire, puis une nouvelle, un roman par la suite... puis une série en six tomes ! Je l’ai appelé le Pays de la Terre perdue

Recommencer, réécrire, fignoler le texte, ajouter une odeur, décrire un environnement, renforcer un bout de l’aventure, embellir une scène... tout ça fait partie du processus de création, jusqu’à ce qu’on soit satisfait du résultat. 

La meilleure méthode pour écrire est de laisser notre imagination nous emporter... juste pour voir ce que ça va donner... 


Plume/Suzie Pelletier

jeudi 20 novembre 2014

Écriture - Méthode de travail ou gestion de l'imaginaire


Méthode de travail ou gestion de l’imaginaire ?

Cette publication s’inscrit dans une suite de textes qui me permet de discuter de diverses questions qui me sont posées régulièrement lors de rencontre avec les lecteurs. Pour plus d’information sur cette série, vous pouvez consulter mon billet « mes aventures dans le monde littéraire » sur mon blogue.

On me demande souvent d’expliquer ma méthode de travail. Au début, j’avais tendance à répondre que je n’en avais pas. Je n’ai pas d’heure attitrée ni de jour consacré à l’écriture. Je n’ai pas d’endroit précis, choisissant le lieu où je me trouve au moment de consigner l’idée qui sort de ma tête. Je n’ai pas d’outil privilégié... une plume, un crayon de plomb, un stylo, un feutre, une feuille de papier, une serviette de table, mon iPhone, mon iPad, mon MacBook air ou... simplement un coin de mon cerveau fait très bien l’affaire. Je ne fais pas de plan avant de commencer l’écriture. Parfois, je me demande même si je ne ponds pas des récits de façon désordonnée.

J’ai lu sur les méthodes développées par des auteurs connus et j'ai discuté avec d’autres. Il y a Michel Tremblay qui nous a dit à plusieurs reprises qu’il travaille ses textes et ses personnages dans sa tête; puis, quand il est convaincu d’avoir pensé à tout, il produit son livre d’un seul trait... ça m’impressionne beaucoup ! Je viens de consulter un reportage sur Ken Folliet (L’Actualité) pour apprendre qu’il fait sa recherche, définit son plan puis rédige le premier jet de son roman, incluant tous les tomes d’une série s’il y a lieu; ensuite, il travaille à établir la meilleure façon d’intéresser les lecteurs. Je ne comprends pas comment on peut écrire pour les autres... j’aurais peur que ça brise mon fil créatif en tentant de plaire à tout le monde... J’ai un collègue qui s’installe au clavier et laisse l’histoire se dessiner d’elle-même. Pour les séries, plusieurs produisent un tome à la fois, attendant de voir l’effet du roman sur l’auditoire avant de poursuivre l'écriture de l'histoire. 

 Au fil de mes recherches et de ma réflexion, j’ai fini par trouver ce qui caractérise ma propre méthode... 

J’écris en développant peu à peu le texte. Quand je prends un crayon dans ma main, ou que je dépose mes doigts sur le clavier avec une idée neuve, je tente simplement de sortir les impressions qui flottent dans ma tête. Le thème associé au roman se présente généralement en premier; c’est ce qui m’attire et me fascine. Puis un personnage se dessine, un lieu se précise, une intrigue s’emmêle, des couleurs apparaissent, des odeurs se faufilent et des sensations me bousculent. C’est d’abord un produit brut; puis avec le temps, je raffine le récit et, surtout, ma façon de l’aborder. Ainsi la première ébauche ressemble à un plan de travail fort élaboré plutôt qu’à une œuvre littéraire complète. On n’y retrouve pas encore les belles descriptions, les états d’âme, ni les débats émotifs qui sont caractéristiques de mes écrits. 

Ensuite, je laisse le texte dormir quelques semaines. Je n’entends pas par là qu’il accumule la poussière, mais plutôt que mon cerveau s’en détache pour prendre ce recul qui permet à l’histoire de grandir dans ma tête, d’acquérir de la maturité. Puis je replonge dans le récit avec une nouvelle vigueur pour l’améliorer et lui donner du volume et de la pertinence. L’itération suivante génère des informations supplémentaires qui ajoutent du panache au roman. L’atmosphère commence à apparaître...

C’est ainsi que l’ensemble des cinq premiers tomes de la série « Le pays de la Terre perdue » ne faisait que 100,000 mots lors de la version trois, c’est-à-dire au moment où j’ai réalisé qu’il y avait cinq thèmes et que j'aurais cinq bouquin en les développant individuellement. La sixième partie est apparue quelques mois plus tard quand j’ai cherché à établir une finale que je voulais en émotion, en douceur et en intensité. Aujourd’hui, chacun des livres comprend au-delà de 480 pages. 

Dans le fond, j’applique à mes textes la méthode que j'ai développé pour le dessin. Je pars du général puis j’ajoute des détails et des couleurs pour rendre le tout vivant, attrayant, convaincant et enrichissant. 

Est-ce que je procèderai toujours de cette façon ? 

Je crois bien. Il est possible que l’expérience m’aide à réduire le temps de travail, combinant des étapes, facilitant les corrections. Par contre, cette manière de créer d’abord l’intrigue pour ensuite l’améliorer, d’une session d’écriture après l’autre, me permet de bien camper le récit, de m’assurer que le fil de l’histoire demeure intact et que l’idée que je tiens à débattre reste présente dans le texte. 

En ce qui concerne les romans (oui, d’autres sortiront après le Pays de la Terre perdue), je pense qu’il y aura toujours un thème. J’écris parce que j’ai quelque chose à dire. Sinon, je ferais autre chose. Ainsi, le propos que je veux présenter m’aide à établir l’intensité, développer les personnages et décrire l’environnement dans le temps et l’espace.

J’ai aussi remarqué que mes choix de récits de voyage tournent également autour d’une idée précise que le lieu visité m’a inspirée : une tension particulière, une expérience spécifique ou une scène dont je suis témoin. Toujours, ce sont les émotions vives engendrées par ce que je vis qui me galvanise à prendre le crayon et pondre des phrases. C’est la même chose pour mes publications sur mon blogue.  

Vous ! Quelle est votre méthode ?

Chacun développe sa manière. L’essentiel est de bien comprendre ce qui nous allume et vous incite à vous dépasser. Qu’on laisse un personnage dessiner l’histoire ou que ce soit notre cœur qui force les mots hors de notre tête, l’important c’est d’écrire. Trouver votre chemin, votre moyen, votre façon de faire. Inventez-le si ce qui existe ne vous convient pas. 

Surtout... écrivez... 

Plume/Suzie Pelletier

lundi 17 novembre 2014

Écriture - Je tiendrai ma promesse

                                                      Autres textes sur l’écriture

En ce 17 novembre 2014, j’observe du coin de l’oeil l’imprimante qui crache, une par une, les pages de la version 9 de mon roman «Le Retour».  et mon coeur est rempli d’appréhension. Je me sens si fébrile. Comment se fait-il qu’après quatre romans fort réussis j’aie encore des doutes ?

Depuis des mois, je répète à mes lecteurs qu’ils n’auront pas à attendre longtemps avant de prendre possession de la collection complète de mes livres fantastiques où il n’y a aucune civilisation ni de technologie. Chaque fois, mon visage exprime une certitude qui rassure...

En ce 17 novembre 2014, j’observe du coin de l’œil l’imprimante qui crache, une par une, les pages de la version 9 de mon manuscrit « Le Retour ». C’est le cinquième de la série « Le Pays de la Terre perdue » et mon cœur est rempli d’appréhension. Je me sens si fébrile. Comment se fait-il qu’après quatre romans fort réussis j’aie encore des doutes ?

Depuis 8 h ce matin, je tente de me raisonner. Je sais que mes livres se vendent bien. Ils plaisent et les exemplaires en bibliothèque sont rarement en rayon alors qu’il y a une liste de personnes qui veulent les lire. Les libraires les écoulent facilement. Mes lecteurs attendent impatiemment que le prochain sorte pour l’acheter. Pourquoi ces papillons qui me coupent l’appétit ? Ma tête me répète que tout va bien se passer, mais la boule dans ma gorge me dit autre chose...

Est-ce que mon tome cinq est bon comme les quatre premiers ? Est-ce que les tournures spéciales que j’ai ajoutées pour captiver l’audience seront à la hauteur ? Est-ce que Marie, mon éditrice, acceptera celui-là aussi facilement que les autres ? C’est fou, je le sais... 

Merde ! Je pensais qu’écrire ces quelques lignes, pendant que le manuscrit s’imprime, m’aiderait... non ! ma nervosité monte d’un cran ! Je change de tactique... je ferme les yeux et cherche au fond de mon âme. Une grande satisfaction fait lentement surface. Me voilà rendu comme Nadine avec des émotions contradictoires ! La peur et la joie tentent de faire bon ménage... ça peut devenir explosif !

Je savoure cette sensation de bien-être qui m’enveloppe. Quel chemin parcouru depuis le début de cette aventure exceptionnelle dans le monde de la littérature québécoise ! Quand le cinquième bouquin sortira des presses, j’aurai créé, écrit, corrigé un million de fois, subi du coaching et publié cinq romans en... deux ans... Wow ! La fierté remplace le doute. Je laisse l’énergie qui en découle me dynamiser... Ça va marcher ! C’est sûr que le tome cinq est encore meilleur que les autres... 

Je me souviens de l’angoisse ressentie quand, discutant avec mon éditrice Marie Brassard (Éditions Véritas Québec), le premier plan de travail a vu le jour. On se proposait de terminer la publication de la série de six romans en octobre 2015... nous étions en novembre 2012. J’œuvrais déjà sur ce projet depuis avril 2011. Je ne voulais pas céder à la panique qui m’étouffait. J’avais des sueurs froides sur tout le corps. Si je trouvais géniale l’idée de produire les six livres en trois ans (en tant que lectrice, je déteste attendre des années avant de voir sortir le prochain), j’hésitais à promettre à mes fans une chose aussi... époustouflante. Ayant appuyé ma carrière (celle d’avant celle-ci...) sur l’éthique professionnelle, cette fois j’avais peur de m’y perdre. Puis, en dépit de mon cœur qui battait la chamade, j’ai plongé dans l’action. Les heures furent longues, les journées interminables, les mois remplis d’une crainte viscérale de ne pas y arriver. Quand l’affolement me faisait trembler, je serrais les dents et je travaillais plus fort. 

Aujourd’hui, je sais que je tiendrai ma promesse. Le cinquième bouquin sortira en mars 2015 et le sixième, déjà écrit et corrigé, sera en librairie en octobre 2015... Rien d’étonnant que la fierté soit au rendez-vous ce matin... 

Mais... est-ce que les lecteurs vont aimer ce tome V ? ASSEZ ! CESSE DE T’EN FAIRE ! PLONGE ! 

OK ! Il me reste à mettre le manuscrit dans l’enveloppe... mes mains tremblent... d’excitation. Je suis certaine que mes yeux brillent Je le donnerai à Marie dans quelques jours c'est reparti ouf !


Je vous donne rendez-vous en février 2015... en librairie dès le premier mars 2015... 

GO !       GO !      GO ! 

Plume/Suzie Pelletier



jeudi 13 novembre 2014

Écriture - De quelle expérience a-t-on besoin pour devenir écrivain ?


Question d'un lecteur : de quelle expérience a-t-on besoin pour devenir écrivain ?

Cette publication s’inscrit dans une suite de textes qui me permet de discuter de diverses questions qui me sont posées régulièrement lors de rencontre avec les lecteurs. Pour plus d’information sur cette série, vous pouvez consulter mon billet « mes aventures dans le monde littéraire » sur mon blogue.

Je reçois souvent cette question lors de mes séances de dédicace.  L’interrogation m’a laissée perplexe au début; après tout je n’ai pas d’étude dans le domaine littéraire. Par contre, mon expérience des deux dernières années me permet de développer une réponse basée sur mon apprentissage. Elle s’établit donc en trois temps :

1) L’expérience de la vie. 

Je précise. Il n’est pas nécessaire d’attendre d’avoir 90 ans avant de prendre son crayon. Il suffit d’avoir été suffisamment influencé par les évènements pour avoir quelque chose à partager. Qu’on publie ou pas, l’écriture est une passion qui transcende l’être. À titre d’exemple, noter mes impressions sur ce qui m’entourait a toujours fait partie de mon existence. On peut lire mon billet « l’écriture, une aventure, un roman » sur le sujet.  

Si cet engouement a pris une place plutôt effacée au cours de mes études et de ma carrière, c’est l’arrivée de ma retraite qui m’a permis de renouer avec le plaisir de raconter sur papier ce qui touche le coeur et l'âme.   

D’abord, ce fut le blogue « La vie est belle 54 » créé en août 2010; depuis son ouverture, j’y ai publié plus de 425 articles sur les voyages, le plein air, l’écriture et la lecture. Par contre, si je m’éclatais régulièrement avec ces billets fort variés de moins de 500 mots et truffés de photos, j’avais besoin de bien plus. 

En septembre 2012, cherchant à rendre disponibles quelques textes un peu trop longs pour le blogue, j’ai commencé à les déposer sur page Wattpad.com. Ces 33 écrits, vus par plusieurs centaines de lecteurs, comprennent des récits des voyages, un aperçu philosophique et une intrigue policière.

En 2011, la vie m’a bousculée à nouveau; l’apparition d’une tumeur dans une jambe m’a rappelé que je n’étais pas immortelle. Si la courte bataille s’est terminée en ma faveur, la réflexion profonde qu’elle m’a imposée s’est traduite dans un roman fantastique qui est devenu une série en six tomes, Le Pays de la Terre perdue.  

2) Le travail acharné est aussi important que l’expérience 

Si j’aime par-dessus tout la partie de l’écriture qui se passe entre ma tête, le clavier et l’écran, j’ai été étonnée des difficultés rencontrées pour percer dans le monde littéraire. Les défis s’accrochent au choix d’une maison d’édition, la présence nécessaire dans les Salons du livre, le marketing des bouquins et de l’auteure, le plan de communication, le fait d'être ignorer et même, la bouderie... Le travail est énorme, mais, pour l’aventurière que je suis, chaque écueil est une colline qu’il faut juste grimper pour voir ce qui m'attend de l’autre côté. Au fur et à mesure que j’apprenais de l’expérience, j’ai compris qu’entre les verbes « vouloir » et « réussir », il y avait un monde à conquérir avec détermination et discipline. La distinction est presque aussi complexe qu’entre les mots « rêver » et « agir »...

3) La prise de risque 

À un moment précis de cette belle expérience littéraire, j’ai eu un recul, un haut-le-coeur même. Quand j’ai compris que Le Pays de la Terre perdue se transposait en roman, j’ai secoué la tête me disant que de créer un bouquin n’était pas pour moi. Trop long. Trop compliqué. J’ai même mis le texte dans le fond d’un tiroir. Mes discussions avec des gens qui veulent écrire m’ont convaincue que c’est de loin le plus gros frein à devenir auteur. Celui de refuser de prendre le risque. Il parait que c’est un blocage normal basé sur la peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas réussir, de faire rire de soi ou que notre œuvre ne plaise pas. La crainte de tomber ou de se planter complètement empêche une personne de faire le premier pas et fait obstacle à transformer ses rêves en action. En ce qui me concerne, la puissance de l’idée et mon caractère rebelle m’ont forcé à pousser l’expérience jusqu’à la publication et, je le comprends aujourd’hui, bien au-delà de cette étape. D’autres histoires prennent déjà forme dans ma tête. 

Alors qu’on a choisi de plonger dans l’inconnu, il ne reste qu’à trouver les outils qui nous aident à développer son style littéraire pour atteindre son potentiel. Pour moi, ce fut le retour à l’université, le coaching, le contact avec des collègues auteurs, les rencontres avec les lecteurs. 

En somme, pour devenir écrivain, il faut avoir une expérience de vie qui nous permet de partager un point de vue, prendre le risque et travailler dur. La suite n’est qu’une simple question d’apprentissage et de volonté de se laisser influencer.  L’expérience de chacun se transposera de façon différente dans la vie, dans les choix de partager tout comme dans l’apprentissage qui nous faisons. C’est ainsi que l’on participe au développement d’une littérature québécoise riche et très diversifiée. 

Allez ! Prenez le crayon ! Commencez par tracer un mot et la phrase suivra... tout comme le paragraphe et le roman... bonne écriture ! 

Plume/Suzie Pelletier