mardi 16 mai 2017

Écriture - L'écrivain et le marketing


Note 1 : le masculin est utilisé pour faciliter la lecture du texte.
Note 2 : mes réflexions se limitent l’écriture de fiction.
Le présent billet fait partie d'une suite de treize réflexions qui s'intitule « Quand l'idée s'envole vers le lecteur»
Ce billet est plus court que les autres de la même série. La raison est fort simple. J’ai beaucoup écrit sur le sujet et je n’ai pas besoin d’ajouter quoi que ce soit. Vous trouverez toutes mes réflexions dans une rubrique sur le site web de ma maison Éditions du défi. Je présente ici que l’entrée en matière pour cette rubrique d’une trentaine de pages, ainsi que quelques lignes explicatives, juste assez pour vous intriguer et vous incitez à visiter le site web.

Le lecteur choisit un livre sur un coup de cœur…

Il adopte un auteur qui le fait vibrer...

Mais il faut d’abord qu’il sache que le livre et l’auteur existent…

Ces trois phrases expriment la manière dont je conçois le marketing de l’auteur. L’image qui s’en dégage est forte et fait comprendre sans aucune réserve qu’il faut bosser dur pour obtenir un peu de notoriété publique, sauf bien évidemment, si vous l’avez déjà. 
Oui, mais l’éditeur n’est-il pas responsable de faire la publicité des bouquins qu’il publie?
Bien sûr. L’éditeur annoncera les divers ouvrages sur son site web, les diffusera aux libraires, communiquera avec les lecteurs pour faire connaître les nouveautés, proposera des séances de dédicace en Salon du livre, organisera un lancement. Bref, son rôle est important, mais il arrivera à de bien meilleurs résultats si l’auteur participe énergiquement aux efforts de promotion par des activités qui lui sont propres.
L’écrivain est d’abord un artiste, mais aussi un travailleur autonome et, par nécessité, un entrepreneur. 
Pour la plupart des personnes qui écrivent, la volonté de publier leurs œuvres demeure émotive. Le goût de partager motive généralement cette décision. Mais le succès est rarement simple, certainement pas instantané. La plupart des auteurs apprennent à la dure que le succès arrive avec le travail, la planification et la saine gestion de ses affaires.
Pour celui qui se passionne pour la création, les heures passées à l’administration d’une entreprise peuvent déplaire. Pourtant, sans elles, la carrière de l’auteur ne va nulle part et ses livres se vendent moins bien.

L’écrivain a avantage à s’occuper lui-même du marketing de son nom et de son œuvre. C’est d’autant plus vrai s’il décide de publier son livre en autoédition. 

Bien sûr, nous savons tous que la notoriété de l’artiste ne voyage pas toujours avec la qualité de l’écrit. Comment explique-t-on que d’excellents livres restent inconnus alors que des bouquins moins bien ficelés se vendent comme de petits pains chauds? Une sorte de hasard un peu tordu. Il est évident que le profil d’une personnalité publique favorise la vente de ses œuvres. Par contre, la plupart des auteurs ne commencent pas leur carrière avec une notoriété acquise. Ils l’obtiennent avec le temps et par des efforts continus. Au fil des années, une approche marketing bien développée et soutenue améliore les chances de l’écrivain de se faire connaître ainsi que ses œuvres.

Les Éditions du Défi
Je vous invite donc à feuilleter les nombreuses pages de ma rubrique «marketing d’auteur» des Éditions du défi. Les éléments discutés ne s’appliquent pas unilatéralement à toutes les situations et chaque auteur doit construire sa propre façon d’aborder ce sujet. J’ai simplement partagé gratuitement mes réflexions à la suite de mon expérience personnelle depuis plus de cinq ans. Il appartient à chacun de s’en servir selon ses besoins. Voici les sujets qui y sont traités : 


Marketing 101 — Affiliation
 Pour l’auteur, il est très important de s’affilier à divers organismes qui œuvrent dans le domaine de la littérature. L’Union des écrivaines et des écrivains du Québec (UNEQ), les sociétés littéraires locales ou régionales en sont des exemples.
 L’auteur peut aussi s’associer à des organismes dans son domaine. À titre d’exemple, l’auteur qui écrit des romans historiques pourrait avoir avantage à s’affilier à des groupes qui discutent de généalogie ou d’histoire.

Marketing 201 — Programmes incitatifs 
 Le Conseil des arts du Canada, le ministère de la Culture du Québec et plusieurs municipalités supportent des programmes particuliers qui viennent en aide aux écrivains. Pensons entre autres au DPP, COPIBEC, OPIC et des résidences d’écriture ainsi que des programmes d’échange à l’international. Les résultats de ces programmes obtiennent une couverture médiatique; par conséquent, ils deviennent un bon outil pour se faire connaître.
Marketing 301 — Réseaux sociaux
 Dans notre monde où l’information transige à la vitesse de l’éclair, l’utilisation des réseaux sociaux est incontournable. Bien utilisés, Facebook, Twitter, Google+ et d’autres peuvent devenir des outils puissants pour faire le marketing de nos œuvres.
Marketing 401 — Visibilité sur le NET
 Ce volet comprend l’utilisation efficace de l’internet autre que les réseaux sociaux. De quel type de site web a-t-on besoin? L’ouverture d’un blogue est-elle suffisante?


Je travaille actuellement sur deux textes. L’un touche les mythes que j’entends régulièrement dans le milieu et l’autre touchera une question qui m’est parvenue souvent depuis le début de cette série : combien ça coûte? Les deux billets demandent de la recherche. Ainsi ils sortiront dans les prochaines semaines. 

Je vous souhaite de belles heures d’écriture !
Suzie Pelletier


lundi 8 mai 2017

Écriture - l'autoédition, une option valable ?


Note 1 : le masculin est utilisé pour faciliter la lecture du texte.
Note 2 : mes réflexions se limitent l’écriture de fiction.
Le présent billet fait partie d'une suite de six réflexions qui s'intitule « Quand l'idée s'envole vers le lecteur»

Hum! Combien de fois m’a-t-on posé la question depuis cinq ans? Je ne compte plus. Encore une fois, la réponse s’avère être la même : ça dépend! Ça dépend surtout du talent, des compétences et du temps que l’auteur a à sa disposition. Pour expliquer la sensibilité d’une telle décision, passons par une analogie que j’aime beaucoup : le monde de la rénovation. Un propriétaire d’une maison (par comparaison au propriétaire de droits d’auteur) veut la vendre. Mais il doit d’abord améliorer son apparence, pour se donner plus de chances que quelqu’un l’achète. Les options à sa portée sont les suivantes :    

A) Engager un entrepreneur en rénovation dont la compétence est reconnue. Celui-ci s’occupera de tout, offrant un service «clé en main». Ça coûte cher, direz-vous? Vous chercherez à obtenir une subvention, par exemple pour améliorer la conservation d’énergie. Puis, une banque vous prêtera le reste, pour une partie de vos droits de propriété. Ce choix vous permettra de sauver du temps que vous réinvestirez dans vos autres intérêts.

Note : Ça correspond à engager une maison d’édition pour faire éditer un livre. Les modèles varient. Parfois, on n’a rien à débourser, mais dans ce cas, vos droits à la propriété intellectuelle seront limités. Si vous absorbez une partie de la facture, vos droits vous appartiendront.

B) Sortir votre marteau et votre scie et procéder vous-même aux rénovations. Le propriétaire est un touche-à-tout et il aime entreprendre des projets. Peut-être tente-t-il aussi de sauver quelques dollars. Par contre, il faut se rappeler le dicton «qui trop embrasse, mal étreint». J’aime encore mieux l’expression anglaise très imagée… «Jack of all trades and master of none.» (Jack de tous les métiers n’est maître d’aucuns). «Chacun son métier», dit-on aussi. Cette option peut s’avérer catastrophique, surtout si votre but est de vendre votre maison… même avec le plus grand enthousiasme, quelques défauts ou vices cachés pourraient s’ajouter lors de vos travaux. 


Note : Je déconseille cette option. L’édition de livre est fort complexe et les compétences nécessaires pour amener le manuscrit au lecteur sont nombreuses et trop exigeantes pour qu’une seule personne les applique toutes efficacement. Pensons à la révision, la correction, l’infographie, l’imagerie, la correction d’épreuves, l’impression, la mise en marché, la gestion de projet et, ne l’oublions pas, le respect des lois et des règlements en vigueur.  Faire tout par soi-même augmente énormément les risques que des erreurs se glissent lors de la fabrication du livre.

C) Se transformer en entrepreneur et engager des professionnels. Le propriétaire a des compétences de gestion de projets et il connaît les aléas du milieu de la rénovation au Québec. Il a le temps et l’énergie pour suivre de près tous les travaux. Il embauche des gens compétents pour chacune des phases du projet. Le résultat est professionnel, la règlementation est respectée et les défauts sont minimisés. Le propriétaire pourra vendre sa propriété sans inquiétude…

Note : Cette option correspond à l’autoédition et elle est de plus en plus populaire au Québec. La diminution graduelle des subventions réduit le nombre de livres produits par les maisons d’édition agréées. Les maisons d’édition indépendantes ne satisfont pas toujours les besoins des écrivains modernes. Par l’autoédition, l’auteur se transforme en entrepreneur et travaille directement avec les professionnels du métier, en gérant lui-même chaque projet d’édition. Ça lui apporte une grande liberté. Plusieurs décident même de créer leur propre maison d’édition pour mieux répondre à leurs attentes.

D’accord! Vous n’aimez pas quand je présente des options plutôt que répondre par oui ou non... Pourtant, la réponse dépend de plusieurs facteurs. Parlons donc spécifiquement de ceux associés à l’autoédition.

Pourquoi résistons-nous à utiliser le terme? Parce que l’autoédition n’a pas bonne presse. Pas plus que le terme «à compte d’auteur», d’ailleurs. Les Anglais et les Américains parlent de «Vanity Press» (Édition basée sur la vanité).  Ce phénomène me fascine. Dans n’importe quelle industrie, un nouvel entrepreneur est accepté d’office comme un partenaire et un compétiteur sérieux. Cet entrepreneur est-il vaniteux parce qu’il veut vendre le produit qu’il vient de créer? Parce qu’il veut livrer lui-même un service qui lui est propre? Parce qu’il veut tirer profit de sa propriété intellectuelle reliée à son processus ou son produit? NON. On le considère d’office comme un égal. Sauf dans le domaine du livre. Là, l’auteur qui décide de publier son livre autrement que par le modèle agréé est «vaniteux». C’est ridicule. C’est n’importe quoi. C’est même abusif, discriminatoire. 

Il y a une grande différence entre VANITÉ et FIERTÉ. Les gens qui choisissent l’autoédition professionnelle travaillent fort et dur pour vivre leur passion et partager leurs idées. Il n’y a rien de complaisant ou de vaniteux dans cette action. Par contre, ces auteurs ont raison d’être fiers de leur travail, de leur gestion de projet et, surtout, du résultat.


Note : ensemble, on peut changer les choses. Soyons fiers de gérer soi-même la mise en marché de nos œuvres! Les lecteurs sont intelligents. Votre sourire et votre assurance l’inciteront à examiner vos livres. La qualité de ce que vous offrez l’encouragera à les acheter.  

Malheureusement, comme dans n’importe quel commerce, l’autoédition inclut les gens qui choisissent l’option B décrite plus haut. Ça n’aide pas à rehausser l’image. Je ne m’arrête pas trop à ça. Le lecteur est intelligent. À moins qu’il ne soit snob, il se fout de ces batailles linguistiques sans envergure. Il choisit ses lectures pour leur qualité, en vertu de ses intérêts. Il sera d’ailleurs fort curieux de savoir que vous éditez vous-même vos livres.

De toute façon, le modèle de l’autoédition se professionnalise au Québec. L’auteur devient entrepreneur et s’allie des professionnels du livre (correcteurs, graphistes, réviseurs, comités de lecture, coach, etc.) pour créer un ouvrage de qualité qui saura plaire aux lecteurs. Il gère lui-même son projet (recherche, ISBN, dépôt officiel, contrats, etc.) Il est fier de ses choix et, en prime, il en retire une grande satisfaction!

Cependant, ce modèle n’est pas la panacée pour tous. Ça prend des compétences pour gérer des projets. Il faut y consacrer le temps nécessaire. L’expérience joue un grand rôle. Quant aux connaissances associées à l’édition du livre au Québec, elles peuvent s’acquérir. Plusieurs cours existent, à l’université ou par des particuliers d’expérience. Quand on veut, on peut.

  Pour ma part, j’applique ce modèle d’édition depuis plusieurs mois maintenant et je travaille sur mon deuxième projet d’édition. Pour mettre toutes les chances de mon côté, je me suis associée à Bouquinbec, un bel exemple d’entreprise qui aide les auteurs à mieux gérer leurs projets d’édition. Ses services sur mesure comprennent un groupe de professionnels (correcteurs, réviseurs, graphistes et maintenant un traducteur vers l’anglais), les services d’impression et de catalogue en ligne, l’offre de places en Salon du livre au Québec, de la formation, des rencontres et bien d’autres avis et conseils.      

Conclusion : 

En résumé, l’auteur doit choisir l’option qui lui convient. L’autoédition n’est pas faite pour tous. Mais, si vous avez le goût de relever le défi d’éditer vous-même votre livre, pour garder un meilleur contrôle sur votre projet et sur vos revenus, ce modèle professionnel devient une excellente option.

Si vous décidez de publier votre livre en autoédition, plongez jusqu’au bout. Publier des livres de qualité avec l’aide de professionnels et en vous entourant de gens compétents.

Je vous souhaite de belles heures d’écriture!
Suzie Pelletier